Avenir du système de retraites : sombre tableau

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Avenir du système de retraites : sombre tableau

Le COR (Conseil d’orientation des retraites) a intégré, dans son rapport de novembre 2020 « Evolutions et perspectives des retraites en France », l’impact à moyen terme de la crise sur le système de retraite, en le complétant par une prospective financière de long terme. Le rapport ne tient pas compte des nouvelles prévisions macro-économiques élaborées pour tenir compte des conséquences sur la croissance et le chômage du deuxième confinement. Pour autant, tout est sombre, même si le rapport souligne que les prévisions et la prospective doivent être regardées avec précautions, tant il existe encore d’incertitudes.

En 2020, le déficit du système atteindra sans doute 23,5 milliards, soit 1,1 % du PIB.

Les projections de plus long terme reposent sur un taux de chômage de 7 % et sur plusieurs hypothèses d’évolution de la productivité, de 1 % à 1,8 % : ce dernier facteur est décisif, parce que la croissance de la productivité a une influence sur les salaires. Plus la productivité croît, plus les salaires et donc les ressources du système augmentent, et plus l’écart se creuse entre l’évolution des salaires et celle des pensions qui sont revalorisées comme les prix. Une forte augmentation de la productivité diminue les déficits mais a des conséquences moins positives. Certes, les pensions alignées sur l’évolution des prix ne baissent pas en euros constants mais l’écart se creuse entre les revenus des actifs et des retraités, ce qui n’est pas un facteur positif en termes de cohésion sociale. La pension moyenne par rapport aux revenus d’activité devrait donc baisser plus ou moins fortement (le rapport serait compris entre 50 et 55 % vers 2050 alors qu’il est aujourd’hui, en moyenne nationale, de 65 %), et le niveau de vie des retraités, aujourd’hui supérieur de 3 % à celui des actifs, pourrait baisser jusqu’à 88 % de celui-ci.

Le rapport refuse de privilégier une hypothèse d’augmentation de la productivité par rapport à une autre. Force est pourtant de souligner que les économistes ont tendance aujourd’hui à considérer que la productivité fléchit tendanciellement et qu’une forte augmentation, dans les prochaines années au moins, est improbable, ce qui rend vraisemblables les hypothèses d’évolution du déficit les plus pessimistes.

Sur le fondement d’une hypothèse d’augmentation de 1 % de la productivité, le déficit atteindrait en 2025, selon les conventions comptables, de 0,3 à 0, 7 % du PIB et, en 2030, de 0,4 à 0,9 % du PIB. Comment supporter une telle accumulation des déficits ? L’équilibre ne serait atteint qu’au-delà de 2050 avec la convention comptable la plus favorable, et…jamais avec des conventions autres.

Que faire d’un tel rapport ? Les syndicalistes soulignent à juste titre que le problème dominant est de nature économique, ce que montre la décroissance des dépenses de retraites dans le PIB. De plus, la priorité n’est pas actuellement aux restrictions sociales mais au rétablissement de l’activité. Enfin, il n’existe pas de consensus sur les réformes à faire.  Mais comment accepter sur le long terme un système totalement déséquilibré, pour des raisons à la fois conjoncturelles et structurelles ?