Glyphosate: esquiver le problème

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Glyphosate: esquiver le problème

L’on sait qu’en novembre 2017, le Président de la République avait promis, en contrepartie du recul opéré par la France devant les autorités européennes, l’interdiction du glyphosate, herbicide peu cher et facile à utiliser, au plus tard dans les trois ans. L’Union avait alors, malgré les protestations de scientifiques éminents qui portaient un jugement sévère sur les évaluations menées par les agences européennes compétentes, malgré des études scientifiques classant le glyphosate comme cancérogène probable, reconduit l’autorisation donnée au produit pour 5 ans, jusqu’en 2022.

Cela fait un moment que le Président de la République a reculé sur son intention d’interdiction. En janvier 2019 il évoquait le refus du tout ou rien et les conséquences insupportables pour l’agriculture d’une interdiction trop large. Par la suite, il a été demandé à l’ANSES d’évaluer les alternatives envisageables dans les situations où « le glyphosate ne serait pas substituable ». C’est donc l’ANSES, pourtant soupçonnée de longue date de partialité dans le dossier, qui, aujourd’hui, dans un rapport d’octobre 2020, définit les choix politiques qui seront ceux de la France : elle considère que, dès lors que les solutions mécaniques sont impossibles, il doit rester possible d’utiliser le glyphosate. Ce sera le cas dans les terrains caillouteux, en pente, et, en viticulture ou en arboriculture, lorsqu’il n’existe pas de machine permettant le désherbage « sous le rang », lorsqu’il y a présence de mauvaises herbes particulièrement vivaces ou lorsqu’il s’agit d’une agriculture sans labours.

L’ANSES dit s’appuyer dans cette expertise sur des rapports de l’INRA. Si l’on se reporte aux travaux de cet Institut, notamment le rapport « Cultiver et protéger autrement », la complexité et le coût du non recours aux pesticides sont bien soulignées, notamment dans la recherche d’alternatives. Mais l’INRA ne considère pas que le glyphosate est inévitable dès lors que le désherbage mécanique n’est pas possible. Il insiste plutôt sur la combinaison de diverses solutions : prophylaxie et  régulation des agresseurs par des substances naturelles ou le recours à des microorganismes ou à des insectes. pratiques de l’agroécologie, qui reposent sur la variété des cultures et le mélange d’espèces combinées pour couvrir les sols (blé/pois par exemple). L’INRA préconise un changement complet des pratiques agricoles, il est vrai difficile et coûteux et qu’il faudrait compenser. Ces préconisations ont-elles été étudiées par l’ANSES ?