Condition animale : l’absurde sélection de la souffrance des bêtes

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Condition animale : l’absurde sélection de la souffrance des bêtes

Une proposition de loi en cours d’adoption au Parlement renforce les sanctions pénales en cas de maltraitance animale, sensibilise les acquéreurs d’animaux de compagnie, interdit la détention et la présentation au public des animaux dits « de cirque » et des cétacés, ainsi que l’élevage des visons en 2025.

Pourquoi, alors que de très nombreuses propositions ont déjà été examinées lors du vote de la loi Alimentation de 2018 ou, plus récemment, lors d’une proposition de loi  Villani, s’en tenir à un champ si restreint ? Parce que le reste (réglementation de la chasse ou de l’élevage) ne fait pas consensus, selon le groupe LRM de l’Assemblée nationale. Mais s’agit-il d’un consensus au niveau du Parlement ou du pays ?

Si l’on se réfère au référendum d’initiative populaire lancé en juillet 2020 sur la cause animale, il semble que ce soit plutôt les soutiens parlementaires qui manquent : si elles étaient proposées aux suffrages, selon tous les sondages, les 6 propositions de ce texte (interdiction de l’expérimentation animale lorsqu’il existe des méthodes alternatives, interdiction de l’élevage en cage des animaux d’élevage d’ici à 2025, interdiction des élevages à fourrure d’ici 5 ans, interdiction de tout élevage n’offrant pas un accès à l’extérieur aux animaux d’ici 2040, Interdiction de la chasse à courre, du déterrage et d’autres formes de chasse dites traditionnelles, interdiction des spectacles avec les animaux sauvages d’ici 2025 et interdiction immédiate de détenir des cétacés autres que ceux actuellement captifs ) seraient fort probablement adoptées, et cela à une écrasante majorité.

Sur les sujets de société, il est courant mais préoccupant de constater un écart si fort entre les élus et le peuple. Si l’on peut comprendre les craintes des élus s’agissant de l’élevage (il faudrait à l’évidence des mesures d’accompagnement pour aider certains éleveurs à mieux respecter le bien-être animal) il devrait être possible cependant, rapidement, de mieux organiser et de mieux surveiller l’application de la loi dans les abattoirs, d’interdire les concentrations trop fortes d’animaux dans les cages, de veiller au confort des truies qui viennent de mettre bas, et, surtout, d’interdire la chasse à courre et les actes de cruauté envers les animaux sauvages, qui restent permis. La prochaine loi va protéger les chatons et c’est tant mieux. Elle va empêcher l’exploitation des ours et des éléphants et on ne peut que s’en réjouir. Elle aurait pu empêcher que des truies soient comprimées dans une cage trop petite et que des poules vivent et meurent sans avoir jamais pu courir dehors. Elle ne l’a pas fait. Et tant qu’il restera possible de déchiqueter un cerf vivant ou de poignarder au hasard un sanglier quand il est à terre et blessé, le législateur devrait en être tourmenté. Il ne l’est pas ou garde pour lui sa désapprobation, parce que le Président de la République aime la chasse, qu’il est l’ami du Président de la Fédération nationale des chasseurs, qui est lui-même ami du ministre de la justice et que tous ces privilégiés aiment courir derrière des bêtes pour les tuer. Voilà qui renforce le caractère inadmissible du silence de la loi.