Le rural n’est plus ce qu’il était

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Le rural n’est plus ce qu’il était

L’Insee a publié en avril 2021 l’étude qu’elle réalise régulièrement sur « La France et ses territoires ». Cette année, celle-ci étudie l’impact économique différencié du confinement, les déplacements en voiture et les spécificités des départements au regard du développement durables. Surtout, pour adapter son analyse aux réalités de terrain, l’Insee a choisi, après concertation avec l’ensemble des experts concernés, une autre définition du « rural », plus complexe que la précédente mais sans doute plus exacte.

Jusqu’alors, le rural se définissait comme ce qui n’était pas « urbain », en mettant sous ce dernier terme une définition traditionnelle de la ville reposant sur des critères physiques (espace bâti sans discontinuité) et démographique (une population d’au moins 2000 habitants). Cette définition de la ville, encore utilisée, a été complétée depuis longtemps par la notion d’aire urbaine (un pôle urbain entouré d’une zone périurbaine), qui élargit la ville aux territoires, urbains et ruraux, soumis à son attractivité économique. Il était temps de revoir, parallèlement, la notion de rural, tant la définition « en creux » recouvrait des réalités différentes.

Le rural est donc désormais défini par la densité, en réalité par l’application d’une grille de densité définie par Eurostat, qui distingue les territoires très denses, denses, peu denses et très peu denses, ce qui facilitera les comparaisons européennes.  Le rural regroupe ces deux derniers types de territoires. La surprise est que le rural ainsi défini regroupe une proportion plus importante de la population que la vieille définition : le rural regroupe désormais près de 33 % de la population, soit 22 millions de personnes. La France devient, après la Pologne, le pays le plus rural d’Europe…Un gradient de plus ou moins grande influence d’un pôle urbain sur l’emploi (de la forte à la faible influence et à l’autonomie) permet de distinguer plusieurs types de territoires ruraux, dont l’attractivité et la croissance démographiques sont très différentes. Sur les 22 millions de ruraux, 58 % vivent dans un territoire sous l’attraction d’un pôle dense et 42 %, soit 9 millions, dans une zone hors attraction d’un tel pôle, que l’on peut considérer comme véritablement rurale si l’on assimile ruralité et isolement.

Enfin les caractéristiques des territoires ruraux sont intéressantes. Les activités agricoles et industrielles y sont plus présentes, les communes rurales éloignées des pôles abritent davantage d’ouvriers, moins de cadres et moins de professions intermédiaires et enfin les inégalités de revenus y sont moins marquées (moins de pauvres, moins de ménages aisés).