L’habitat demain : peu de certitudes pour l’instant

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L’habitat demain : peu de certitudes pour l’instant

Curieux dossier qu’a publié en octobre le ministère en charge du logement : Habiter la France de demain n’est ni vraiment un document d’étude, ni un projet concret, juste des réflexions, des orientations et l’annonce de quelques expérimentations, définies après une procédure de consultation du public, des élus et des experts. Le dossier parle davantage d’habitat que de logement : certes, il évoque l’amélioration de la conception des logements, avec la perspective d’un « référentiel de qualité » sur l’agencement du logement, la taille des pièces, l’importance des rangements, l’accès à un extérieur, qui pourrait être appliqué d’abord aux logements bénéficiant du dispositif Pinel. Il évoque surtout la question de la densification (où construire ?) et le choix entre logement collectif et maison individuelle, dans un contexte où 80 % des habitants, s’ils avaient le choix, privilégieraient celle-ci, tout en souhaitant parallèlement moins utiliser leur voiture pour aller travailler ou télé-travailler près de chez eux.

Les orientations ont le mérite, sinon d’être originales, du moins de clarifier les réponses des pouvoirs publics : il faut « sortir » du rêve pavillonnaire et redorer l’image du logement collectif, l’amélioration de la qualité devant représenter la contrepartie de la densité ; améliorer l’existant, avec la reconquête des entrées de ville et une meilleure insertion des zones pavillonnaires dans la vie urbaine mais aussi en rénovant et en adaptant les logements; rendre le logement plus abordable, en construisant davantage de logements sociaux ou intermédiaires, en prévoyant des contrats entre l’Etat et les élus locaux, en innovant avec les industriels et en transformant plus aisément des bureaux en logements, mais aussi en améliorant le dispositif « Louer abordable », qui accorde un avantage fiscal au propriétaire qui accepte des règles de fixation du loyer en dessous des prix du marché ; enfin, faire baisser les coûts de construction en régulant mieux le foncier, grâce aux leviers fiscaux proposés par le rapport Lagleize de 2019 et non encore appliqués, voire en dissociant, comme ce rapport l’évoquait, propriété du bâti et propriété (publique) du foncier.

Le projet est-il réaliste, sachant que la densification des villes ou l’amélioration des transports collectifs, qui sont des conditions de réussite essentielles, sont traitées de manière très générale ? Le timing est-il favorable à un projet bien intentionné, qui veut adapter la politique de l’habitat aux engagements pris pour l’environnement et, en particulier, à la diminution de l’artificialisation des sols, mais reste encore très imprécis sur les outils à mobiliser pour y parvenir et nécessite des arbitrages interministériels coûteux ? Aux deux questions, la réponse est sans doute non : la politique du logement menée sous Emmanuel Macron restera marquée par des objectifs de diminution des charges financières de l’Etat et la réduction de la construction des logements sociaux ; celle de l’habitat ne laissera guère d’autre trace que les contrats passés avec les villes moyennes pour revivifier les cœurs de ville. Ambitieux mais trop tardif, le projet Habiter la France de demain n’aura d’intérêt que s’il devient opérationnel lors d’un éventuel second mandat.