OCDE et migrations internationales : agir pour l’insertion

Pas de conséquences de la crise sanitaire sur la pauvreté?
24 novembre 2021
Réforme des règles Schengen : l’improbable compromis
3 janvier 2022

OCDE et migrations internationales : agir pour l’insertion

L’OCDE a fait paraître l’étude qu’elle consacre régulièrement à l’évolution des migrations internationales. En 2020, les flux d’immigration se sont réduits de plus de 30 % dans tous les pays de l’OCDE et pour tous les motifs, y compris les flux humanitaires. Les demandes d’asile restent cependant à un niveau très élevé, proche de celui de 2014 qui précédait le pic des années suivantes. Cette baisse, sans doute temporaire,  n’empêche pas que sur le long terme, la population née à l’étranger augmente, passant, pour l’ensemble de l’OCDE de 11,9 % en 2010 à 14 % en 2020.

L’insertion sur le marché de l’emploi s’est dégradée : les taux d’emploi ont diminué et le chômage des immigrés, déjà fort, a augmenté, surtout celui des personnes à faible instruction, malgré un rebond de l’emploi fin 2020. En France, en 2020, pour un taux national de 8 %, le chômage des populations immigrées est de 12,9 %, et de 15 % pour les immigrés qui ne sont pas d’origine européenne. Attention cependant à ne pas mal interpréter ces chiffres : le chômage touche très différemment les différentes catégories socio-professionnelles. En France, en 2019, le chômage des employés non qualifiés atteignait 11,8 % et celui des ouvriers non qualifiés 17,6 %. C’est parce que les immigrés occupent majoritairement des emplois non qualifiés que leur taux de chômage est important, même s’il est probable que d’autres causes (insuffisante connaissance de la langue, discriminations à l’embauche) expliquent également l’importance du taux de chômage. En France, les travaux publiés sur les métiers des immigrés (DARES, documents d’études, septembre 2021) montrent que ceux-ci sont surreprésentés dans des métiers peu qualifiés d’agents d’entretien ou de gardiennage, employés de maison, ouvriers du bâtiment, même si le niveau d’études a augmenté et qu’ils occupent aujourd’hui davantage des emplois de cadres ou de professions libérales.

L’OCDE fait un focus sur deux points, la ségrégation résidentielle et l’impact budgétaire de l’immigration.

La ségrégation résidentielle se constate dans tous les pays : les immigrés sont plus présents dans les zones urbaines et densément peuplées et dans les quartiers pauvres urbains au logement dégradé. La ségrégation ne semble pas cependant avoir augmenté, la mobilité concernant davantage les immigrés récents et les immigrés aisés. Les effets de la concentration résidentielle des immigrés sur l’insertion sont, au départ, positifs lorsque les immigrés sont accueillis par une communauté qui les aide. Mais ils sont ensuite négatifs, notamment pour les femmes (mauvais apprentissage de la langue) et pour les enfants (concentration de difficultés dans les écoles). En France, une étude de France-Stratégie sur la ségrégation résidentielle (Quelle évolution de la ségrégation résidentielle en France ? juin 2020) montre que la ségrégation résidentielle des populations immigrées extra-européennes a baissé (la répartition est un peu plus homogène) même si elles restent fortement ségréguées. De plus, compte tenu de l’augmentation de la population immigrés, la concentration a augmenté, ce qui réduit l’intérêt de la baisse de la ségrégation. Il est donc important de lutter contre la relégation ou, au moins, de définir une politique active envers les établissements scolaires défavorisés.

Enfin, sur l’impact de la présence d’immigrés sur les finances publiques des pays, sujet sensible s’il en est, l’OCDE montre que dans tous les pays la contribution des immigrés en impôts et cotisations est supérieure aux charges de leur protection sociale et de leur éducation, notamment parce qu’ils sont surreprésentés aux âges de forte activité.  Si l’on élargit la mesure à la contribution qu’ils apportent à l’ensemble des dépenses publiques, la situation est plus variable selon les pays : elle reste positive pour un tiers des pays. Le résultat dépend alors du nombre et de la composition de la population immigrée, du cycle économique et de la proportion d’immigrés en emploi. L’OCDE en conclut que cette part peut augmenter si l’insertion des populations immigrées est réussie.