Les plus et les moins du Plan investissement compétences (PIC)

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Les plus et les moins du Plan investissement compétences (PIC)

Le Plan d’investissement dans les compétences (PIC), lancé en 2017 sur 5 ans, de 2018 à 2022, vise à former 1 million de demandeurs d’emploi peu ou pas qualifiés et 1 million de jeunes éloignés du marché du travail. Il est doté de 15 Mds. L’objectif est d’augmenter le nombre des demandeurs formés mais aussi de renforcer les parcours (réduction des délais à l’entrée, articulation entre les formations de base et les formations plus qualifiantes), d’améliorer la qualité des formations et d’accueillir davantage de personnes non diplômées.

Le plan s’inscrit dans l’environnement complexe de la formation professionnelle : les Régions sont en théorie chefs de file pour les jeunes et les demandeurs d’emploi. L’Etat intervient, il organise et finance des actions, de même que France compétences, qui gère les fonds mutualisés entre les entreprises de la formation professionnelle et de l’alternance, dont une part s’adresse aux demandeurs d’emploi. En l’occurrence, des programmes spécifiques ont été mis en place par Pôle emploi et l’Etat a passé des contrats avec les régions pour qu’elles souscrivent à certains objectifs et augmentent leurs efforts en contrepartie d’une aide financière.

Le PIC fait l’objet d’une évaluation par un Comité scientifique qui en suit l’exécution et qui a fait paraître son second rapport en novembre 2021.

En termes d’entrées dans les dispositifs, l’on compte en 2019 110 000 stagiaires de formation professionnelle de plus, 90 000 personnes qui ont suivi les programmes nationaux du PIC, soit plus de un million de personnes entrées en formation, auxquels s’ajoutent 65 000 jeunes de plus qui ont bénéficié d’un accompagnement (comme celui offert par la garantie jeunes, renforcée à l’occasion du PIC). La question est que les chiffres d’entrée en formation « traditionnelles » sont retombés en 2020, baisse en partie compensée par le recours au CFP autonome mais avec un bien moindre recours aux formations qualifiantes.

Sur le plan qualitatif, le nombre de personnes qui ont bénéficié de deux formations sur l’année (une formation de base et une plus qualifiante) a augmenté (de 10 % à 13 %), ce qui est plutôt un bon signe, sans pourtant que le nombre d’heures totales de formation par personne ait beaucoup évolué.  Les moins diplômés ont vu s’améliorer leur probabilité d’entrée en formation (de 8 à 12 %) : cependant, ils représentent toujours 52 % des personnes formées (leur proportion dans l’ensemble des demandeurs d’emploi est supérieure de plusieurs points), sans rattrapage. Cela signifie que l’accent mis par le PIC sur des formations qualifiantes a plutôt favorisé les personnes qui avaient un diplôme supérieur au baccalauréat que les autres, d’autant que les interruptions de formation en 2020 ont été particulièrement préjudiciables à ces derniers. Par ailleurs, l’efficacité et la qualité pédagogique des formations devront être évaluées, même si le rapport engage une analyse de certains programmes nationaux.

Reste qu’il est manifeste que le PIC a été conduit de manière plus méthodique et beaucoup moins brouillonne que les plans qui l’ont précédé (ainsi le plan 500 000 chômeurs de 2016), avec des objectifs plus qualitatifs et mieux évalués. Dans ces conditions, l’apport de la formation professionnelle aux enjeux de l’emploi ne peut que s’améliorer, alors que cela a été longtemps un point faible des politiques publiques. En 2022, le plan, qui bénéficie d’une rallonge financière, s’orientera vers la réduction des tensions sur le marché du travail, avec des formations vers certains métiers et une relance des contrats de professionnalisation. L’évaluation à venir sera donc éclairante.