La CGT : retrouver l’unité?

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La CGT : retrouver l’unité?

Lors du récent congrès de la CGT, le rapport d’activité établi par la direction sortante (Philippe Martinez) a été rejeté, certes par une courte majorité des suffrages (50,3 %), mais rejeté, et cela pour la première fois semble-t-il dans l’histoire de la CGT. Ce rejet rendait caduc le projet d’intronisation de la « dauphine » de P. Martinez, Marie Buisson, peu connue au demeurant et qui avait la réputation d’être une écologiste puisqu’elle s’était investie dans l’alliance « Plus jamais ça » qui réunit la CGT, La Confédération paysanne, Les amis de la terre, Greenpeace, OXFAM, la FSU et Solidaires.

Une intervenante à la tribune du congrès (C. Verzeletti, de l’Union fédérale des syndicats de l’Etat) a expliqué que le vote hostile au rapport d’activité n’était pas de circonstance mais effectué « sur mandat », donc après un vote réfléchi dans les syndicats concernés.  De fait, ce congrès marque, pour la direction, une dégradation par rapport aux précédents (2016 et 2019) mais se situent dans leur sillage : les tensions dues à la présence d’une aile radicale (fédérations du commerce, de la chimie, de l’industrie et des cheminots et diverses unions départementales) sont présentes depuis des années. La même C. Verzeletti demandait « une organisation syndicale beaucoup plus offensive, avec une identité encore plus forte de masse et de classe ».

Les reproches à P. Martinez sont légion : acceptation d’une médiation sur les retraites proposée par la CFDT, concertation insuffisante dans l’adhésion à l’alliance écologique « Plus jamais ça », rédaction de tribunes partagées avec des « réformistes » et, globalement, « mollesse ». De fait, face à cette opposition interne, P. Martinez a tenu mais n’a jamais su réagir, organiser le dialogue interne, chercher collectivement à identifier les causes de l’affaiblissement de la Confédération et limiter les dérives, tolérant le sectarisme et la brutalité internes. Il a toujours semblé adopter à l’extérieur des positions dures, refusant notamment les accords interprofessionnels, mais, le plus souvent, il s’est contenté de manifestations répétitives et de journées d’action. Le flou dans la ligne de la CGT est perturbant, surtout dès lors que l’opposition réclame « des positions très offensives », et « des modes d’action durs, notamment des grèves reconductibles et des blocages » (même intervenante) et   qu’un responsable important, le patron des cheminots, déclarait en 2018 : « Les analyses de Lénine sont toujours d’actualité. Il faut à la fois une idéologie révolutionnaire et une organisation qui la porte ».

Dans ces conditions, l’élection de S. Binet comme secrétaire générale, choix de compromis de dernière minute obtenu après une nuit de tractation, est-elle un gage de solidité de l’organisation ? C’est douteux. Une organisation sans unité interne n’a guère de chances de prospérer. Est-il encore temps de procéder à des clarifications et possible de restaurer l’unité ?