L’Insee a publié en septembre 2023 (Insee Analyses n° 88) un bilan de la « redistribution élargie » en France en 2019. La redistribution élargie mesure, au-delà des transferts de prestations en espèces, l’effet sur la situation des ménages de tous les prélèvements effectués et de la valorisation des services publics dont ils bénéficient en retour (l’éducation et la santé en représente une forte part), que ces services soient individualisables ou pas. Entendue ainsi, la redistribution élargie représente en 2019 500 Mds d’euros, soit 25 % du revenu national : elle est plus large que la redistribution traditionnelle.

Le résultat en est que 57 % des Français sont gagnants à cette redistribution, parmi lesquels on trouve, dans l’ordre, les personnes âgées (qui bénéficient des retraites et de l’accès à de nombreux soins de santé), les familles avec enfants (éducation) et les plus modestes : presque la totalité des 15 % des ménages les plus modestes sont gagnants. Les inégalités sont davantage réduites si l’on considère cette redistribution élargie : le facteur multiplicatif de revenus passe, entre les 10 % les plus aisés et les 10 % les plus modestes, de 18 avant redistribution à 3 après. La redistribution est sociale mais aussi géographique : les contributeurs nets sont les ménages actifs entre 40 et 60 ans qui sont plutôt cadres et plutôt urbains.

Cette redistribution élargie correspond à une évaluation de la redistribution plus complète que si ne sont pris en compte que les seuls flux financiers. Pour autant, son mode de calcul est plus contestable que celui de la redistribution financière : les services publics reçus sont appréciés en fonction de leurs coûts mais pas de leur qualité. Or, en matière éducative ou de santé, celle-ci est, on le sait, fort inégale selon les lieux.