L’édition 2023 de « Portrait social » étudie l’évolution de la satisfaction dans la vie des Français : ce critère, inscrit dans les indicateurs de richesse d’un pays depuis le rapport Stiglitz de 2009, recouvre 20 indicateurs très divers, allant de la perception de la vie actuelle à celle du travail, des relations sociales et de l’avenir. La France atteint 7 en moyenne sur une échelle de 0 à 10, ce qui la situe exactement à la moyenne de l’UE, côte à côte avec la Roumanie et l’Espagne, pas si loin des trois pays les plus satisfaits (Finlande, Irlande et Autriche) qui atteignent ou dépassent un peu 8 et plutôt loin du pays qui l’est le moins, la Bulgarie, avec 5,4.
La satisfaction de la population française est de bon niveau quant à l’appréciation de la situation actuelle et des relations sociales, même si, s’agissant de ce dernier item, elle est meilleure quant aux relations avec les proches et l’absence de sentiment de s’être senti agresser la veille que pour ce qui concerne la sécurité dans le quartier. Les points les moins appréciés par les Français sont l’équilibre entre le travail et la famille et, surtout, les appréciations sur l’avenir : pour la perception de la vie dans les prochaines années, le score est de 6 et il est de 4 pour ce qui concerne la vie de la prochaine génération. La France est donc bien cette nation pessimiste que d’autres enquêtes révèlent.
Le second enseignement réside dans les différences profondes entre catégories sociales. Contrairement à ce que l’on pourrait attendre, les réponses sont proches dans le domaine du travail, où ce sont les travailleurs indépendants qui se détachent un peu quant à la satisfaction que leur procure leur travail et les relations en ce domaine. Les écarts entre catégories socioprofessionnelles sont en revanche très forts sur la satisfaction de vie actuelle, sur le bonheur ressenti en comparaison d’autres Français, sur la sécurité dans le quartier et surtout sur la vision de l’avenir. Ce sont les ménages mono-actifs d’ouvriers ou d’employés qui se retrouvent en-dessous des autres en ces domaines et les cadres bien au-dessus. L’étude note que, alors que les cadres choisissent le présent comme leur époque préférée, les ouvriers choisissent massivement les années 80.
Une analyse plus fine montre que c’est moins l’appartenance à une catégorie socioprofessionnelle que les revenus, l’âge, la situation familiale et la région de résidence qui sont les facteurs déterminants de la satisfaction dans la vie ou de son absence.
Enfin, s’agissant de l’impact des crises sur ce bien-être subjectif, celle des Gilets jaunes a amélioré le moral des catégories ouvrières et indépendantes aux rebours de celui des cadres, la pandémie a eu des effets différenciés mais n’a pas eu d’impact sur la perception de l’avenir des générations futures (elle a été vu comme un épisode isolé). Il n’en a pas été de même de l’année 2022 marquée par une forte inflation : les cadres sont moins touchés mais l’appréciation des autres catégories se dégrade alors le plus souvent.