L’évolution des émissions des GES : une baisse, malheureusement pas structurelle

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L’évolution des émissions des GES : une baisse, malheureusement pas structurelle

 L’organisme en charge de faire l’inventaire des gaz à effets de serre et des gaz polluants dans l’atmosphère, le CITEPA, a publié en décembre 2023 le bilan des émissions de GES des trois premiers trimestres 2023. La donnée, même quand elle sera complétée par les émissions du quatrième trimestre, est et restera provisoire un bon moment : les chiffres définitifs de 2023 seront connus dans un an ou plus. Reste que les estimations indiquent une tendance et que celle-ci est, en l’occurrence, favorable. Les émissions de GES baissent de 4,6 % de janvier à septembre 2023 par rapport aux 9 mois correspondants de 2022 :  – 7,35 % pour le bâtiment et les activités résidentielles (cuisson, chauffage…), – 9,4 % pour la production d’énergie et -9,3 % pour l’industrie, les autres secteurs connaissant une évolution moins marquée (- 2,7 % pour les transports routiers, -0,9 pour l’agriculture), voire une forte hausse (+ 21 % pour les transports aériens domestiques et + 27 % pour l’aérien international).

Les raisons de la baisse sont-elles « structurelles » ? Il semble bien que non. Les baisses sont liées à la crise énergétique de 2022-2023, le renchérissement ayant conduit à des efforts d’économie. Pour la production d’énergie, la baisse est liée à la reprise progressive de la production d’électricité nucléaire qui avait baissé en 2022 et obligé à recourir à d’autres énergies plus polluantes. La signification de la baisse du secteur des transports routiers, après les rebonds de + 12 % en 2021 et de + 2 % en 2022, est moins claire et traduit peut-être un retour à l’équilibre après des années chahutées. Les facteurs conjoncturels semblent en tout cas l’emporter de très loin dans ce bilan, qui révèle toutefois l’impact des effets prix sur la consommation d’énergie.

Il faut rappeler également les limites de la mesure, qui ne prend en compte ni l’évolution de la capacité d’absorption des puits de carbone (forêts notamment), ni les émissions des produits importés qui contribuent pourtant à « l’empreinte carbone » du pays.

Rappelons aussi les ambitions françaises, en application des objectifs de l’UE : hors puits de carbone, une baisse de 50 % des émissions GES par rapport à celles de 1990 est nécessaire pour respecter les objectifs de l’UE à horizon 2030 (- 55 % au total). L’objectif est donc de passer d’un total de 544 millions de tonnes équivalent CO2 en 1990 à 270 en 2030. En 2022, en 32 ans, les émissions ont atteint 408 millions. Il reste un effort presque identique à fournir (138 millions) pour atteindre les objectifs 2030 mais sur 8 ans. L’effort doit donc atteindre, structurellement, -5 % par an : cela implique que tous les secteurs y contribuent, même ceux (les transports, l’agriculture) qui y ont, ces dernières années, apporté une faible contribution. La baisse conjoncturelle de 2023 n’est pas dans ce contexte une mauvaise nouvelle. Mais elle ne dit rien sur l’avenir.