Disparités des territoires, qui s’en occupe?

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Disparités des territoires, qui s’en occupe?

L’Insee a fait paraître en Janvier 2014 une note sur les disparités territoriales de revenu. Rien de bien nouveau quant à des indicateurs structurellement inégaux : en 2021, le niveau de vie médian (celui qui sépare la population en deux, 50 % au-dessus et 50 % en-dessous) est de 23 000 euros. L’écart est net entre les quatre départements où il atteint 28 000 euros (à Paris, il approche 30 000) et les trois situés en-dessous de 20 000 (Seine-Saint-Denis, Réunion, Martinique). Un certain nombre de départements (Pas-de-Calais, Aude, Creuse, Pyrénées-Orientales…) sont à peine au-dessus, avec un niveau de vie médian qui ne dépasse pas 21 000 euros. Le taux de pauvreté s’étage de 9 % en Vendée à 36 % à la Réunion, en passant par 29 % en Creuse et 28,4 % en Seine-Saint-Denis, Paris n’étant, cette fois-ci, pas épargné (15 %) puisqu’il contient des poches importantes de pauvreté.

Surtout, un récent rapport de l’OCDE (Une géographie persistante des inégalités, 2023) souligne que la France fait partie des 15 pays sur les 27 étudiés où les inégalités territoriales de revenu entre départements et régions se sont accrues depuis les années 2000. Ainsi, le ratio des 20 % des départements les plus riches par rapport à la moyenne était supérieur de 0,078 en 2020 par rapport à celui de 2000, ce qui indique une polarisation accrue. Le ratio des 20% des départements les moins riches par rapport à la moyenne était en 2020 inférieur de 0,004 à celui de 2000, ce qui indique une divergence vers le bas.

La présence d’une grande métropole tend à creuser des écarts. En 2020, l’écart de PIB par habitant entre les départements comptant une métropole et les autres départements est de 1,26. Cet écart a augmenté de 0,04 point de pourcentage depuis 2000. De même, en 2020, l’écart de PIB par habitant entre les départements français qui comptent une grande métropole et les départements qui comptent une métropole de taille moyenne est de 1,992. Cet écart a augmenté de 0,195 point de pourcentage depuis 2000.

Les revenus ne sont pas, au demeurant, la seule variable : les indicateurs concernant la productivité, la proportion de diplômés, l’accès aux services sont très contrastés. Comment maintenir alors l’unité d’un pays si les inégalités y croissent ?

L’étude rappelle en tout cas la nécessité, pour les statisticiens, d’éclairer toutes les études nationales par des informations territorialisées. L’habitude se prend peu à peu, encore discrètement. Dans sa récente étude de janvier 2024 sur les privations matérielles et sociales en 2022, l’Insee note que, s’agissant de dépenses de chauffage et de carburant, les privations ont beaucoup augmenté dans les communes rurales, où les dépenses d’énergie sont traditionnellement plus élevées, alors que, d’une manière plus générale, ces communes comptent la plus faible proportion de personnes souffrant de privations matérielles. La territorialisation des données permet incontestablement de mieux appréhender les difficultés des populations.  Encore faudrait-il que quelqu’un  s’occupe de les réduire…