Quelles méthodes de guerre à Gaza?

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Quelles méthodes de guerre à Gaza?

Au moment où sont bloqués, à l’entrée de Gaza, des convois de ravitaillement et où la population commence à mourir de soif et de faim, le site The conversation a publié, le 15 février 2024, un article sur la stratégie militaire menée par l’armée israélienne, inspiré notamment par un article du magazine d’investigation israélien +972. Il en ressort qu’Israël a massivement recours à des logiciels d’intelligence artificielle pour définir les cibles de ses bombardements à Gaza, ce qui aurait été confirmé par des responsables militaires à TV5 Monde en mars 2024. Bien évidemment, les règles de fonctionnement de ces logiciels ne sont pas connues et l’on ne sait rien sur le croisement des critères qui permettent de définir une cible. Mais les experts ont des doutes sur l’efficacité du « ciblage » : selon les termes utilisés par une professeur de sciences et technologies d’une université anglaise, l’IA procède par répétition de critères. Si les premiers choisis sont mauvais ou imprécis, le ciblage devient de pire en pire.

Quoi qu’il en soit, la technique permet une démultiplication des frappes, ce qui est une des caractéristiques de la guerre à Gaza.

Cette méthode de ciblage ne devrait pas exonérer Israël de se préoccuper des victimes civiles collatérales. Quel est le pourcentage admis par les décideurs ? Selon certains experts, il serait passé de 10 civils tués avant la guerre pour une seule cible à 100 désormais, ce qui expliquerait l’ampleur des pertes civiles. L’on est loin du respect du droit international, qui impose de protéger les civils autant que faire se peut.

Surtout, l’objectif est-il seulement militaire ? Le nombre de frappes crée un effet de choc sur la population, la terrorise et la décime : c’est en ce domaine qu’Israël aura peut-être des comptes à rendre, un jour, lorsque l’on décomptera les morts civils de Gaza, pilonnés, écrasés, affamés ou morts sans soins de leurs blessures.

The conversation conclut sur les risques pour Israël d’une guerre asymétrique : selon l’article, les hauts responsables militaires du Hamas n’ont pas tous été tués et les survivants se terrent en attendant de ressurgir ; la population gazaouie, dont on disait avant la guerre qu’elle était loin d’être majoritairement acquise au Hamas, l’est sans doute bien davantage aujourd’hui ; la communauté internationale finira par s’émouvoir de ce massacre de masse, même si elle est encore largement indifférente et que l’indignation des peuples pèse peu. Israël risquerait donc de s’épuiser dans une guerre sans issue. C’est aussi l’avis d’un article de BBC News du 4 mars 2024 : il explique que, selon un expert militaire anglais, le réseau de tunnel serait bien plus vaste que ne le supposaient les israéliens ;  que le Hamas dispose d’une branche politique qui perdurera quoi qu’il arrive ; qu’il est  impossible de « tuer une idéologie », surtout quand toute un population juge que ses chances de survie sont faibles et qu’elle est privée d’avenir ; que, même si Israël proclame qu’il ira jusqu’au bout de ses objectifs, il n’y aura pas pour lui de jour de victoire. Qu’attend la communauté internationale pour intervenir ?