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Les “attitudes” des forces de l’ordre : l’étude d’un thème sensible

La Défenseure des droits a commandé à un groupe de chercheurs (J. de Maillard, S. Roché, A. Jardin, J. Noble et M. Zagrodski) une étude sur la déontologie des policiers et gendarmes et leurs « attitudes » à l’égard de la population. L’enquête a été effectuée par questionnaire et entretiens.

 Dans l’ensemble, les professionnels interrogés se disent majoritairement satisfaits de leur poste et ont confiance en leur hiérarchie, ce qui nuance les appréciations traditionnelles sur le malaise des forces de l’ordre. L’étude témoigne cependant d’assez nettes différences entre les appréciations des gendarmes et des policiers : les gendarmes sont davantage satisfaits de leur métier et des relations avec leur hiérarchie. Ils acceptent davantage de rendre des comptes, admettent mieux les instances de contrôle et les jugent plus légitimes. Les policiers, moins satisfaits, considèrent davantage le code de déontologie et les contrôles comme des textes et pratiques qui ne les aident pas.  Pour autant, tous expriment souvent le sentiment de ne pas pouvoir s’exprimer ou défendre leurs droits (40 % pour les gendarmes 60 % pour les policiers).

Une majorité des personnes interrogées a suivi des formations juridiques (notamment, à 90 %, sur les règles d’utilisation de la force) mais peu (12 %) des formations de « désescalade de la violence.

Gendarmes et policiers ont assez peu confiance en la population (entre 34 et 24 %) pour qu’elle se comporte correctement.  Ils ont une conception répressive de leur métier (qui consiste à « arrêter les personnes »), moins pour les gendarmes (à 48%) que pour les policiers (à 60 %). Ils sont d’avis (entre 54 et 69 %) que l’on devrait tolérer un usage de la force plus important que ce que les textes permettent, les gendarmes le préconisant moins.

Une courte majorité pense d’ailleurs que ce qui compte, c’est d’effectuer la mission confiée plus que de respecter le droit. Au demeurant, seuls 50 % considèrent qu’en cas de violation de la loi, la punition du policier ou du gendarme coupable est systématique, les autres étant d’avis qu’elle ne l’est pas toujours, voire même qu’elle est rare.

Les personnes ont été interrogées sur leur degré d’attachement aux principes d’écoute, de respect, de neutralité à l’égard du public, dont l’acceptation, selon diverses études, améliorent la relation avec le public Chez les policiers, 34 % des personnes sont hostiles ou peu favorables à ces principes, jugées inutiles ou immérités, 24 % les approuvent nettement et 40 % les approuvent tout en étant moins nets.

Au final, l’étude conforte plutôt l’image que l’on peut avoir des policiers, sinon des gendarmes : certes plus heureux dans leur métier qu’imaginé, ils sont peu bienveillants avec le public, voient leur métier comme répressif et punitif, sont assez permissifs sur l’usage de la force, pas très regardants sur le droit et assez réticents sur les contrôles. Un gros tiers juge même que les valeurs d’écoute, de respect et de neutralité à l’égard du public sont une perte de temps. Il serait temps de les former…