Pratique avancée: la longue attente des textes

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Pratique avancée: la longue attente des textes

Pour développer le bon suivi des malades chroniques et la prévention et faciliter également l’accès aux soins dans les zones sous-dotées en médecins, la loi Hôpital patients santé territoires de 2009 avait, sur le modèle des pays anglo-saxons où les personnels paramédicaux exercent des responsabilités propres sous supervision médicale, posé les bases de la délégation d’actes des médecins. L’esprit de la disposition a été renforcé par la loi du 26 janvier 2016 qui autorise les auxiliaires médicaux, après obtention d’un diplôme spécifique, à exercer « en pratique avancée », jouant un rôle proche de celui du médecin dans l’évaluation clinique, le suivi des malades ou certaines prescriptions. L’objectif est, dans les deux cas, d’épargner du temps médical et d’améliorer la qualité des soins. Cependant, les conditions de la délégation d’actes des médecins aux personnels paramédicaux sont aujourd’hui si lourdes que celle-ci ne se développe pas. Quant aux textes fixant les conditions de la « pratique avancée », leur élaboration a pris 2 ans et demi. Leur parution le 18 juillet (pour les seuls infirmiers) est presque une surprise…Un nouveau décret organise donc le diplôme nécessaire prévu au niveau master sur 4 semestres. Le second texte énumère les compétences ouvertes aux infirmiers exerçant en pratique avancée : ceux-ci s’adressent à des pathologies chroniques stabilisées, à des malades cancéreux ou atteints de maladies rénales. Ils peuvent pratiquer des examens cliniques, des actes d’orientation et de prévention mais aussi de dépistage et d’évaluation clinique ainsi que certains actes techniques et la prescription de produits de santé autres que ceux pour lesquels la prescription médicale est obligatoire. Un protocole régira la relation avec le ou les médecins et les règles de travail en équipe. La réforme est ou peut être porteuse d’une sorte de révolution : jusqu’alors les infirmiers n’avaient guère compétence que pour des listes précises d’actes. Les voilà, au prix d’une longue poursuite d’études, en charge de poser un diagnostic sur l’état de santé d’un patient et de le soigner, même si c’est sous contrôle d’un médecin. L’infirmier n’est plus seulement un « auxiliaire » qui ne fait que ce qui a été prescrit. Son métier, souvent jugé peu stimulant intellectuellement, va évoluer. Le suivi des malades, qui n’ont pas toujours besoin d’un avis médical mais le plus souvent d’un accompagnement éclairé, d’une évaluation régulière ou du réajustement de certaines prescriptions, va s’améliorer.  Reste à espérer que la lenteur des évolutions, les réticences manifestes du corps médical et la prudence dans la définition des compétences ne décourageront pas les infirmiers de s’engager dans ce nouveau métier.