Le 24e rapport de la Fondation Abbé Pierre sur le mal logement est paru. Il contient les chiffres du mal logement, peu différents de ceux de l’année passée. Le nombre de personnes mal logées est estimé par la fédération Abbé Pierre à 3,9 millions de personnes, avec un nombre bien supérieur de personnes qui, en termes financiers ou de conditions de logement, sont « en situation de fragilité » par rapport au logement (12,1millions), soit parce qu’ils connaissent des retards de paiement, vivent en situation de surpeuplement ou sont contraints à accepter un effort financier excessif par rapport à leurs ressources. Au total, sans double compte, le total des personnes en difficulté de logement est de 14,6 millions. Par ailleurs, les demandes de logement social sont estimées par l’Union sociale de l’habitat à 2,1 millions en 2017, dont 0,7 millions de personnes déjà locataires. Ces chiffres donnent la mesure d’une crise sans fin, que, malgré l’importance des aides consenties au secteur et, en particulier, des aides personnelles au logement (18 Mds), les pouvoirs publics paraissent dans l’incapacité de maîtriser.
Cette année, le rapport de la Fondation fait une place particulière aux personnes à la rue sortant d’institutions publiques : 19 % des SDF ont perdu leur logement à la suite d’une hospitalisation (souvent en hôpital psychiatrique) ou d’une incarcération. 26 % sont d’anciens jeunes pris en charge par les services de l’aide sociale à l’enfance (ASE) et dont celle-ci s’est séparée à leur majorité (le contrat jeune majeur, qui permet de poursuivre l’aide et l’accompagnement jusqu’à 21 ans, est facultatif). Pourquoi les institutions publiques qui accompagnent des personnes un temps ne se soucient pas de leur remise à la rue ? Une proposition de loi propose de généraliser le contrat jeune majeur de l’ASE mais quid des sorties sèches de prison et des sorties d’hospitalisation pour des personnes fragiles ?