A part dédoubler les classes de CP et de CE1 dans les zones d’éducation prioritaire, que fait le ministère de l’Education nationale pour améliorer l’égalité des chances ? Depuis longtemps, le ministre est favorable à une approche plus graduelle des difficultés des établissements et à une allocation progressive des moyens, qui permettrait de traiter le cas des établissements situés en dehors de l’Education prioritaire qui accueillent des enfants défavorisés. Il a gelé en 2018 la carte de l’Education prioritaire et demandé un rapport sur une nouvelle organisation. Ce rapport est enfin paru, plusieurs mois après la date annoncée. Comme c’était probable, il épouse l’analyse du ministre : les 350 réseaux d’éducation prioritaire les plus dégradés (REP+) seraient maintenus. Pour les autres, à compter de la rentrée 2021, il appartiendrait au recteur de gérer l’allocation de moyens en tenant compte plus souplement des besoins et en intégrant les besoins des zones rurales qui souffrent aussi de difficultés. La mesure peut se comprendre : le ministre ne manque pas une occasion de souligner les médiocres résultats de l’Education prioritaire, dont témoignent deux rapports récents particulièrement sévères, celui du CNESCO et 2016 et celui de la Cour des comptes en 2018 ; la Cour des comptes elle-même recommandait de modifier l’organisation et d’attribuer des moyens supplémentaires aux établissements en difficulté de manière « plus fluide », en tenant compte de la combinaison de plusieurs critères (éventuellement appelée à évoluer) et non pas sur le fondement d’une étiquette jugée stigmatisante. Pour autant, si la seule proposition pour lutter contre les difficultés scolaires des zones défavorisées est de confier aux recteurs le pilotage de l’attribution des crédits en leur conseillant de veiller aux inégalités territoriales, c’est un peu court. Quelle recherche effective d’une meilleure mixité sociale ? Quelle affectation des enseignants ? Quel projet éducatif ? Quelle liberté éducative ? Quels moyens donnés ? Le rapport 2018 de la Cour regorgeait d’autres propositions que de gestion et d’organisation : il proposait de « fortifier l’autonomie et la responsabilité des réseaux », « d’ajuster la gestion des enseignants aux besoins » (il ne s’agissait pas alors que de versement de primes) et de « revoir les mécanismes d’affectation des élèves » y compris en associant les établissements privés. Que deviennent ces pistes ?