Comme chaque année, l’Insee (Insee première, novembre 2019, n° 1784), compare le niveau et la structure de la consommation dans les pays de l’Union européenne, en parité de pouvoir d’achat et quel qu’en soit le financement, public ou privé. La France a un niveau de consommation d’ensemble supérieur à la moyenne de l’Union et de la zone euro mais tout juste. Elle occupe la dixième et dernière place des grands pays du nord et de l’ouest de l’Europe, assez nettement devant l’Italie, Chypre, l’Irlande ou l’Espagne. Il est vrai que les disparités en Europe sont importantes, la consommation variant du simple au double entre la Bulgarie et le Luxembourg, ce dernier pays se situant nettement en tête avec l’Allemagne. Pour ce qui concerne la France, la part prise dans la consommation par des financements publics (pour la santé, l’Education, le logement) est de 22 % contre 19 % dans l’Union, différence que l’Insee juge nette mais qui, au fond, n’est pas si large. La France consomme par tête beaucoup plus dans ces domaines : + 28 % dans le secteur de la santé et + 14% dans celui de l’Education. Ces indicateurs pourraient a priori être considérés comme favorables : toutefois, quand on les rapproche des résultats obtenus (les inégalités sociales de santé d’une part, les faibles performances d’ensemble dans les domaines de l’Education, eux-mêmes liés à des inégalités sociales fortes), l’on mesure qu’une consommation élevée en ces domaines est un signe ambivalent et que l’on peut y voir aussi la nécessité d’améliorer l’utilisation de l’argent public. La France dépense nettement plus qu’ailleurs pour le logement, l’énergie liée au logement et les transports, moins pour l’habillement, l’hôtellerie et l’équipement de la maison. Pour une part les prix en sont responsables : la France occupe une place moyenne dans le niveau des prix (elle est 10e en Europe, comme pour la consommation) mais les biens les plus chers sont le logement, l’alimentation et les hôtels et cafés restaurants. Or, le logement, les transports et l’alimentation sont des dépenses obligées et il est probable que, s’agissant de ces biens, ce sont les catégories moyennes ou modestes qui supportent des dépenses fortes et qui sont donc obligées de moins consommer ailleurs. Autrement dit, le niveau de consommation renseigne sans doute sur la richesse d’un pays. Mais il faudrait distinguer entre consommation contrainte et consommation choisie et, s’agissant de l’énergie, de la santé et de l’Education, en éclairer les effets, qui peuvent être très inégalement positifs.