La situation démographique de la France a subi l’impact du COVID : il fallait s’y attendre mais l’impact est plus fort que ce qui avait été anticipé.
D’abord sur les naissances : une étude de l’Insee (Insee Focus n° 251, septembre 2021) note que le nombre de naissances (735 000) a baissé de 2,9 % en 2020 par rapport à l’année précédente. Pour la période située environ 9 mois après le premier confinement (soit du 15 décembre 2020 au 15 février 2021), la baisse est de 10 % par rapport à la période identique de l’année précédente. Cependant, dès le début de 2020, le nombre des naissances est inférieur à celui de l’année précédente : la baisse de 2020 est donc à la fois le résultat d’une baisse tendancielle constatée depuis plusieurs années et d’une baisse conjoncturelle liée au COVID. L’on savait déjà que les crises économiques pouvaient conduire à une baisse temporaire des naissances: c’est aussi le cas, manifestement, des crises sanitaires. Ce sont les femmes les plus jeunes et les plus âgées qui ont été les plus concernées par cette baisse et ce sont les régions les plus touchées par le COVID qui connaissent la baisse la plus importante. Quand au rebond constaté au printemps 2021, il semble de courte durée.
Pour ce qui est de la mortalité, elle a augmenté de 9 %, soit un surcroît de 56 000 décès par rapport à 2019, là où l’on en aurait attendu toutes choses égales par ailleurs seulement 14 000 de plus, puisque le nombre de décès augmente en France compte tenu du vieillissement de la population. Les décès supplémentaires se concentrent sur la période mars-avril et septembre-décembre 2020 et sur la population de plus de 70 ans. Cependant, les experts considèrent que le COVID a tué davantage : le surplus de décès enregistré résulte en effet de deux mouvements contraires : une sous-mortalité liée au confinement et à l’arrêt des déplacements (ainsi la grippe a été moins meurtrière qu’habituellement) et une surmortalité liée au COVID. Quant au nombre de morts liés au COVID, il n’est pas connu avec exactitude. Santé publique France dénombre 64 600 décès COVID mais seulement dans les établissements de santé et les EHPAD et la mortalité COVID est sans doute un peu supérieure.
L’évolution des décès en 2020 est très différente selon les régions : l’Ile de France, la moitié est et la région Rhône-Alpes ont été particulièrement touchées, ainsi que Mayotte. Cependant, en comparaisons internationales, la France est loin d’être parmi les pays les plus touchés : l’Allemagne, avec une surmortalité de 5 %, a été moins touchée mais 7 pays européens (ceux du sud et de l’est pour l’essentiel, avec la Belgique) l’ont été bien davantage.
Au niveau mondial, la diminution de l’espérance de vie est une autre manière de mesurer le phénomène : pour les hommes, elle dépasse deux ans aux Etats-Unis, parce que la population de moins de 60 ans a été affectée du fait des co-morbidités. En France, cette diminution n’atteint que 8 mois.
Enfin, dans nombre de pays, l’année 2021 ne sera probablement pas bien meilleure, compte tenu des inégalités de taux de vaccination. La France sera quant à elle, cette année-là, bien davantage protégée.