Dans un contexte où la France n’échappera pas à une nouvelle réforme des retraites et à un nouveau recul de l’âge plancher, il est sans doute nécessaire de considérer l’état de l’emploi des seniors de 55 à 64 ans, qui conditionne en partie la réussite de la mesure. La DARES a publié en avril un « Tableau de bord » arrêté au 31 décembre 2021, que l’on peut comparer avec des données datant de 5 ou 6 ans auparavant.
Les progrès sont visibles.
En 2015, le taux d’emploi des personnes âgées de 55-64 ans était de 48,7 %. Fin 2021 il est de 56,1 %.
En 2015, la moyenne de 48,7 % était obtenu par l’addition d’une moyenne honorable de 69 % pour les seniors de 55 à 59 ans et d’une moyenne bien plus faible, 27,6 % pour les personnes de 60 à 64 ans, qui n’étaient que en emploi que de manière très minoritaire.
En 2021, de nets progrès sont réalisés, mais les caractéristiques sont, de même, très différentes entre les classes d’âge : certes le taux d’emploi d’ensemble atteint 56,1 % mais il regroupe un taux de 75,1 % pour les seniors les plus jeunes et de 35,5 % pour les seniors les plus âgés. L’insertion dans l’emploi de ces derniers reste très faible, un gros tiers.
En termes de comparaisons internationales, en 2015, le taux d’emploi de la tranche 55-59 ans (69 %) n’était pas beaucoup au-dessus des résultats de l’ensemble de l’Union européenne (67 %) mais quand même au-dessus. Il en est de même en 2020 (dernière année où les comparaisons internationales sont aujourd’hui disponibles), où le taux d’emploi de cette tranche d’âge (73,3 %) reste un peu supérieur à la moyenne de l’Union, 72,9 %.
En revanche le taux d’emploi des 60-64 ans en France est très à la traine par rapport à la moyenne européenne, tant en 2015 (27,6 % contre 38,3 %) qu’en 2020 (33,1 contre 45,3 %).
Le sens de ces données est qu’il est possible d’améliorer le marché du travail des seniors sans difficultés trop importantes jusqu’à 60 ans. Au-delà, si l’on veut améliorer l’emploi, c’est plus difficile et plus lent : il faut s’attaquer aux conditions de travail et sans doute aussi adapter les postes de travail et le temps de travail. Il est clair que cet effort, pourtant essentiel pour le recul de l’âge de la retraite, reste largement à engager.