La contrôleuse des lieux privatifs de liberté a publié au Journal officiel du 22 juin 2023 une communication dont les termes contrastent avec le langage administratif usuel : il s’agit des recommandations qu’elle émet après avoir visité quatre centres de rétention, celui de Sète, du Mesnil-Amelot, de Lyon et de Metz.
Elle y constate que les locaux sont dégradés, vétustes et sales, le mobilier cassé, les murs couverts de graffitis. Dans certains CRA, le chauffage est en panne et l’hiver les retenus (qui sont parfois des familles) ont froid.
Les personnes retenues n’ont ni intimité (les portes ne sont pas pleines et ne ferment pas, les WC à peine séparés et sans verrou, comme les douches) ni occupation. Les actes de violence sont nombreux et les déplacements ne sont pas libres. Certains retenus sont « mis à l’écart » pour troubles à l’ordre public dans des locaux immondes, parfois pour une durée de 2 ou 3 jours. Les policiers disposent de matériel de contention dont l’usage est réglementé et ne devrait pas leur être permis. D’une manière générale, les retenus disent « être traités comme des chiens » et parfois en butte à des propos déplacés ou racistes des policiers. L’accès aux soins n’est pas garanti (les conventions prévoyant la présence de personnel médical et paramédical ne sont pas toujours respectées). Dans certains cas, la nourriture n’est pas suffisante et les retenus ont faim.
Cette situation est d’autant plus inquiétante que le nombre de places en CRA augmente (1788 en 2022, 2178 prévues fin 2023, 3000 prévues fin 2027 dans la loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur). Or, le taux d’éloignement reste inférieur à 50 % et la durée des séjours augmente, sans véritable raison puisque les éloignements ont lieu dans les premiers jours de la rétention. Les choix architecturaux (on le voit à Lyon) sont de plus en plus proches de la prison (mirador, barbelés, murs, cour de promenade entièrement fermée de hauts murs).
Enfin, des enfants mineurs, parfois très jeunes, sont toujours enfermés en CRA, alors que cette pratique est proscrite par la Cour européenne des droits de l’homme. Que dire? Comment justifier l’inhumanité?