L’Insee a publié en novembre 2019 un livret « Insee références » sur « L’économie et la société à l’ère du numérique, avec des dossiers (Les métiers du numérique, Le télétravail des cadres) et des fiches sur les nouvelles pratiques numériques, l’équipement et l’usage du numérique dans les ménages, les écoles et les entreprises, la contribution du numérique à l’économie, enfin les enjeux (dont la question de la protection des données et les conséquences du numérique sur l’environnement). Un chapitre spécifique est consacré aux comparaisons européennes. Ne retenons ici que la « vue d’ensemble » de départ. La société se numérise : en 2017, 84 % des ménages ont un accès internet à domicile, deux fois plus qu’en 2006. 8 personnes sur dix ont utilisé Internet dans les 3 derniers mois pour envoyer un mail ou chercher une information. Le commerce électronique se développe fortement même s’il ne représente encore que 30 % du CA des entreprises de plus de 250 salariés : c’est deux fois plus qu’en 2007 mais cela reste une activité minoritaire. Enfin Internet a des effets certains sur l’emploi, avec le développement de métiers et la disparition d’autres, tout comme sur les conditions de travail. Il a des effets difficiles à mesurer, mais sans aucun doute néfastes, sur l’environnement : ainsi la fabrication d’un smartphone nécessite 70 métaux dont des métaux rares et son taux de recyclage est de 18 %. Se pose enfin de manière cruciale la question de la protection des données.

Un des aspects sombres du constat concerne les disparités :  1 personne sur 5 n’a aucune capacité numérique ; l’accès à Internet, son usage, les capacités à chercher une information dépendent des générations, des diplômes, des revenus. Insee première a d’ailleurs, parallèlement, fait paraître en octobre 2019 une note consacrée à « l’illectronisme » qui montre que la moitié des plus de 75 ans ne disposent pas d’Internet à leur domicile et que, dans la population générale, une personne sur cinq ne sait pas communiquer par cette voie. L’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme s’est émue de ces chiffres  et a publié, en juin dernier, un Libre blanc proposant des moyens de lutte : la formation ne pourra pas à elle seule combler le gap et le Livre blanc insiste sur la conception des sites, notamment ceux des administrations. Celles-ci doivent mettre au centre de leurs préoccupations l’usager : or, il ne comprend pas nécessairement quelle est l’information demandée, comment rectifier, comment changer de page, comment revenir en arrière. Il faut davantage l’aider. Il reste aussi à développer des interactions vocales plus simples d’utilisation pour les publics démunis ou, tout simplement, à détecter, via l’intelligence artificielle, des comportements atypiques de remplissage d’un dossier, signe de difficulté qui imposent l’offre d’aide ou une intervention humaine.