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Mosanto papers : morale professionnelle, où es-tu?

Les 2 et 3 juin derniers Le Monde a publié deux articles remarquables intitulés « Opération Intoxication » et « Les moissons du fiel ».

http://abonnes.lemonde.fr/planete/article/2017/06/01/monsanto-operation-intoxication_5136915_3244.html ; http://abonnes.lemonde.fr/planete/article/2017/06/02/monsanto-les-moissons-du-fiel_5137487_3244.html

Y sont exposées les méthodes de dénigrement et de calomnies utilisées par la firme Mosanto et par des lobbyistes des industries américaines de la chimie contre une institution relevant de l’OMS, le Centre international de recherche contre le cancer (CIRC), qui a jugé génotoxique et cancérogène le pesticide Glyphosate (« Roundup ») vendu par Mosanto. Mise en cause de la qualité des recherches menées par le CIRC (en l’occurrence, par un groupe de travail de 17 experts chevronnés), doutes publiquement exprimés sur son intégrité, pressions relayées par des membres du Congrès américain pour que son financement soit réduit, harcèlement dans la presse, contre feu allumé en prétendant que des dizaines d’études réglementaires affirment l’innocuité du produit, les attaques n’ont pas cessé depuis 2015. Le CIRC jouit pourtant d’une très bonne réputation scientifique, tenant précisément au fait qu’il veille aux conflits d’intérêts des chercheurs qu’il mandate et refuse de se fonder sur des études réalisées par ou avec l’aide financière des entreprises et industries concernées. Ce n’est pas le cas de certaines institutions officielles, comme l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) qui affirme, quant à elle, depuis 2015 également, à la grande satisfaction de Mosanto, que le glyphosate n’est ni génotoxique ni cancérogène. L’avis de l’EFSA est pourtant mis en cause à son tour par une centaine de scientifiques. Mais le lobbying fait son travail et des agences de presse et journaux prestigieux (Reuters, Times) ont repris les attaques contre le CIRC… Des scientifiques ouvertement payés par Mosanto suivent. Que des personnes corrompues utilisent leurs titres pour défendre un produit chimique générateur d’énormes profits n’est pas une nouveauté. Mais que des institutions publiques suivent et participent implicitement à une entreprise de décrédibilisation indûment menée contre une autre institution publique, c’est plus qu’embêtant. Il est vraiment temps que l’Union fasse le ménage dans ses agences et que la communauté scientifique exclue de ses rangs ceux qui la déshonorent.