L’Insee publie en ce mois de décembre 2017, avec des titres et des bandeaux d’un joli vert pomme, une brochure intitulée « Les acteurs économiques et l’environnement » https://www.insee.fr/fr/statistiques/3280952 . On y retrouve les chiffres à connaître sur la pollution de l’air, de l’eau, du sol, sur la biodiversité et les risques naturels. L’Insee a collecté des données sur l’économie verte (emplois, formations), la fiscalité environnementale, les dépenses de protection de l’environnement. L’on trouve également des chiffres sur la consommation d’énergie, les émissions de carbone, les déchets. Le tout est précédé d’un article qui, sans cacher les échecs et les points faibles, souligne une meilleure dynamique de protection de l’environnement : les dépenses en faveur de l’environnement augmentent plus vite que le PIB (avec une sérieuse réserve toutefois : les taxes environnementales n’atteignent que 2,2 % du PIB contre 2,4 % en moyenne européenne et leur effet est contrebalancé par des subventions à des secteurs dommageables qui ont augmenté plus vite dans les années récentes que les dépenses de protection). Les acteurs économiques se préoccupent davantage d’environnement (production d’éco-produits, gestion économe de ressources…) et le secteur de l’économie verte se développe plus vite que les autres secteurs économiques (1 million d’emplois, avec une dynamique particulière de l’agriculture biologique, de la gestion des déchets, des énergies renouvelables, dont la part dans la consommation d’énergie a nettement progressé (15 % en 2015 contre moins de 10 % 10 ans plus tôt, sans que l’objectif de 23 % pour 2020 fixé par l’Union soit pour autant en passe d’être atteint). Pour autant, la contamination des eaux par les nitrates et les pesticides perdure et les flux de nitrates charriés vers la mer ne faiblissent pas, créant un phénomène d’algues vertes particulièrement nocif ; les rejets polluants dans l’air ont diminué depuis les années 90 mais les seuils auxquels la concentration est nocive pour la santé sont dépassés régulièrement à certains endroits, notamment les voies de forte circulation automobile ; les émissions de gaz à effet de serre ont baissé mais l’empreinte carbone (émission de gaz à effet de serre de tous les produits consommés en France, qu’ils y soient ou non produits) a augmenté depuis 30 ans même si elle baisse un peu depuis 5 ans ; la part des surfaces artificialisées ne cesse d’augmenter ; 54 % des espèces dites d’intérêt communautaire sont en mauvais état ; enfin les besoins en matière première de l’économie ne baissent pas et leur stagnation s’explique pour l’essentiel par la crise économique. Au final, l’Insee donne sans doute une image exacte de l’écologie en France : une préoccupation grandissante, des progrès certains et des béances évidentes, parfaitement connues des pouvoirs publics mais auxquelles ils refusent encore de s’attaquer.