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Pollution numérique: agir

Le Sénat a fait paraître en ce mois de juin le rapport d’une mission d’information sur l’empreinte environnementale du numérique intitulé « Pour une transition numérique écologique ».  Le rapport souligne d’abord un paradoxe : alors que le secteur numérique est un secteur économique majeur, en croissance forte, il n’existe pas de stratégie transversale visant à en atténuer les impacts environnementaux. Ceux-ci ne sont pas négligeables : une étude de Green IT, association d’acteurs numériques responsables, a révélé en 2019 que  le numérique consommait 4,2 % de la consommation totale d’énergie dans le monde et émettait 3,8 % des GES. C’est que le numérique est en réalité très « matériel », avec les « terminaux » (ordinateurs, smartphones, télévisions, écrans, casques…), les réseaux (câbles et fibres optiques) et les centres informatiques. Fabrication et utilisation confondues, les terminaux produisent 66 % des GES liés au numérique, les réseaux 19 % et les centres informatiques 15%. Par ailleurs, le système consomme des métaux rares dont l’extraction est polluante et le taux de recyclage faible.

 En France, le rapport du Sénat  chiffre à  2 % la part du numérique dans les émissions de GES mais indique que cette part pourrait croître jusqu’à 6 à 7 % en 2040 si aucune politique de sobriété n’est mise en place. La part des terminaux dans la production des GES y est plus forte qu’ailleurs (81 %), ce qui doit notamment inciter à accentuer l’effort pour limiter leur renouvellement.

Quelles pistes pour réduite cette empreinte carbone ? La première porte sur l’institution d’une taxe carbone aux frontières pour tenir compte du coût environnemental importé. Il importe ensuite d’allonger la durée de vie des équipements : le rapport sénatorial évoque la lutte contre l’obsolescence programmée, y compris l’obsolescence logicielle, mais la meilleure manière est probablement d’augmenter la durée de la garantie obligatoire. Faciliter la réparation et le réemploi des terminaux va de pair avec cet objectif. Quant aux usages du numérique, il apparaît que la vidéo en ligne est l’usage le plus important (60 % dans le monde) et le moins écologique qui soit : il importe donc de réduire cet usage, sans doute en le taxant davantage. Enfin, il faut travailler à concevoir des équipements et services plus économes en énergie, réduire la taille des écrans, limiter la consommation des box, améliorer la performance énergétique des data centers… bref, agir.