Développement de l’intelligence artificielle, enjeux et premières réponses

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Développement de l’intelligence artificielle, enjeux et premières réponses

Le gouvernement a mis en place à l’automne dernier une Commission de l’Intelligence artificielle, présidée par P. Aghion, en charge de piloter une réflexion sur les impacts de cette innovation en termes économiques, de souveraineté, d’éthique, de société, de culture et de service public. La commission a remis son rapport en mars 2024.

Le rapport est clair, lisible, très enthousiaste. Il considère que l’IA est une innovation décisive dont les impacts affecteront tous les domaines d’activité. Il recommande de l’accueillir sans excès d’optimisme ni de pessimisme : l’IA ne provoquera pas de cataclysme et ne remplacera pas l’humain. L’Europe a selon lui des atouts pour participer à son développement, sauf à ne pas parvenir à dominer la tendance actuelle à un déclassement technologique et économique : le rapport note que les États-Unis et la Chine ont fait de l’IA un atout potentiel et un pilier de leur stratégie de puissance. L’IA nous rendra, dit le rapport, plus prospères et plus productifs, avec un effet jugé positif sur l’emploi global (mais des effets variables selon les métiers) et sur la qualité de vie au travail. Un investissement collectif est jugé nécessaire pour conforter les premières études en ces domaines comme sur les limites à définir sur le traitement de l’information par l’IA. Le rapport considère que c’est aux hommes de maitriser l’IA si cela apparaît nécessaire.

Cependant, il recommande une mobilisation massive et de long cours sur l’IA, chiffrant les besoins financiers à 27 Mds.

Les recommandations du rapport portent sur :

Un plan de formation national sur l’IA, dans l’enseignement supérieur comme dans la formation continue ; à noter que le rapport considère que l’IA générative (celle qui produit de nouveaux contenus) est particulièrement prometteuse, domaine dans lequel la France et l’Europe sont en retard, pas de manière irrattrapable ;

La création d’un fonds financier de 10 Mds pour financer un écosystème IA et la transformation des entreprises, pour favoriser notre souveraineté et rattraper notre retard dans l’investissement nécessaire ;

La résolution de développer des centres de calcul ;

Un accès plus aisé aux données, avec réécriture du mandat donné à la CNIL pour la rendre compétente, la suppression de certaines procédures d’autorisation préalable d’utilisation des données personnelles de santé, la création de modèles d’IA dans le domaine culturel dans le respect propriété intellectuelle ;

La volonté de favoriser la recherche en ce domaine ;

La promotion d’une gouvernance internationale de l’IA.

Le rapport a reçu bon accueil : pour autant, son application est couteuse et demande une impulsion politique dont on ne sait si elle sera donnée. L’IA (surtout l’IA générative) fait peur plus qu’elle ne soulève l’enthousiasme. Le rapport reste au final un peu trop général pour représenter une étude solide des risques et enjeux (au moins il les aborde) mais il soulève une question essentielle : il faut, dit-il, que la France et l’Europe deviennent acteurs. Mais est-ce du volontarisme souverainiste ou est-ce faisable de rattraper notre retard ? La réponse positive mériterait d’être bien étayée.