Fessenheim : pourquoi diable respecter la loi ?

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Fessenheim : pourquoi diable respecter la loi ?

En 2012, le futur Président de la République avait promis de fermer la plus vieille centrale nucléaire de France pendant son mandat. Réuni pour voter cette fermeture en échange d’une indemnisation de 446 millions, le Conseil d’administration d’EDF a conditionné son accord à l’ouverture de la centrale de Flamanville, pour que les capacités nucléaires d’EDF ne soient pas affectées. Le décret de fermeture a repris cette condition.

La loi de transition énergétique du 17 août 2015 définit des objectifs quantifiés dans le domaine de l’énergie : la part du nucléaire dans la production totale d’électricité doit passer à 50 % maximum à horizon 2025, sachant que parallèlement, la part des énergies renouvelables doit atteindre en 2030 32 % de la consommation énergétique finale et 40 % de la production d’électricité.

Si l’on veut respecter les engagements de la loi, compte tenu de l’absence de progression de la consommation d’électricité, il faut nettement réduire le parc de centrales nucléaires dès maintenant puis encore à l’horizon 2025 : les énergies renouvelables ne peuvent se développer que si la part de l’énergie nucléaire diminue.

Le vote du Conseil d’administration d’EDF (et le décret qui l’entérine) sont donc ahurissants : certes, l’Etat, effrayé par ses propres décisions, n’a pas publié la programmation pluriannuelle de l’énergie que la loi de transition énergétique lui demandait d’établir et qui aurait permis de programmer l’atteinte de l’objectif fixé pour 2025 de réduction de la production nucléaire d’électricité. Pour autant, les dispositions de la loi s’imposent : le CA d’une entreprise publique (où l’Etat est massivement représenté) décide pourtant de la politique énergétique du pays dans un sens différent de celui de la loi. La fermeture de Fessenheim s’impose, au nom sans doute de la vétusté d’une centrale construite sur une faille sismique, mais surtout au nom de la cohérence d’une politique votée.