La Hongrie indigne de l’Union

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La Hongrie indigne de l’Union

La Commission européenne a lancé une procédure d’infraction contre la Hongrie de Viktor Orban. Il ne s’agit pas de l’attitude du pays envers les réfugiés qui tentent de transiter par son territoire, que le pouvoir hongrois arrête et emprisonne dans des centres de rétention, pas plus que de la consultation « Arrêtons Bruxelles » lancée par le gouvernement, qui se plaint des mesures prises par l’Union pour « détruire l’emploi en Hongrie », propose que les Hongrois récupèrent leur libre-arbitre en matière économique et accuse l’Europe de favoriser les passeurs. Il ne s’agit pas non plus de la loi contre les ONG qui les oblige à déclarer leurs ressources d’origine étrangère, premier pas vers une entreprise de « décrédibilisation » nationale bien engagée. Il s’agit de la loi sur l’enseignement supérieur qui prévoit de priver d’autorisation les instituts universitaires étrangers qui n’ont pas de campus dans leur pays d’origine : le texte est exclusivement dirigé contre l’Université d’Europe centrale, une université privée financée par Georges Soros installé à Budapest. C’est sans doute la mesure de trop…Bon disciple de Vladimir Poutine, Orban se débarrasse des espaces d’esprit critique et, au bout d’un moment, l’Europe, monstre assoupi, débonnaire et généreux (la Hongrie bénéfice de 25,4 Mds d’aides structurelles sur la période 2014-2020) en est chatouillée. Cela dit, que faire ? La suspension des aides n’est possible que pour des raisons tenant à la qualité et à la transparence de leur gestion et il faudra attendre la renégociation du prochain budget pluriannuel de l’Union pour aborder la question de manière plus politique ; l’article 7 du Traité qui permet de priver un pays de son droit de vote ne peut être mis en œuvre qu’à l’unanimité et au moins un ou deux pays s’y opposeront ; surtout, les responsables de la Commission, face à la répétition des provocations, continuent d’appeler au dialogue. Une des conditions d’entrée dans l’Europe était l’existence d’institutions démocratiques et la garantie du respect de certains principes (les libertés fondamentales en faisaient partie) mais personne n’a inscrit dans les traités que l’éloignement des valeurs démocratiques ouvrait la porte de sortie. La Hongrie va sans doute, dans un petit moment, écoper d’une réprimande et d’une amende, comme si le débat avec elle était juridique. Une fois de plus, l’Europe est impuissante et, malgré les pays qui la bravent, continue comme avant.