Rôle: épouse

Terrorisme: les limites de la surveillance préventive
22 août 2017
Djihadistes: révolte générationnelle et radicalité choisie
22 août 2017

Rôle: épouse

L’Elysée a publié le 21 août 2017 une Charte de transparence relative au conjoint du chef de l’Etat. Le candidat l’avait annoncé, c’est chose faite. Rien à dire sur la transparence ni même sur les moyens alloués, dont à vrai dire, on se fiche un peu : l’épouse du président aura deux collaborateurs (apparemment, c’est une tradition) et, telle la compagne d’un petit commerçant qui tient la caisse, ne sera pas rémunérée. Elle n’aura pas non plus de frais de représentation mais paiera-t-elle elle-même ses robes ou les lui prêtera-t-on ? Peu importe au fond. La question est ailleurs : pour toute femme un peu attachée à l’égalité des sexes, la Charte occasionne un léger pincement au cœur. Voilà un texte qui « officialise » un rôle d’épouse en tant qu’épouse et qui donne pour mission à une dame d’accompagner son mari pour assurer la représentation de la France dans les réunions internationales, superviser l’organisation des réceptions et soutenir des manifestations à caractère caritatif, culturel ou social. Bien sûr, on savait bien déjà que c’était là son rôle : jamais les épouses de président n’ont été, comme le commun des femmes, des personnes au travail, libres de choisir un emploi, aimant et accompagnant leur mari mais préoccupées aussi par la rédaction d’un mémo pour leur patron, par l’établissement des statistiques de vente pour la réunion de direction ou par la révision de l’interro de maths du petit. Jamais elles n’ont eu le statut du mari d’Angela Merkel qui, précisément, n’en a pas, ne participe pas aux sommets internationaux et ne décide pas du menu des réceptions. Brigitte Macron, retraitée, pourrait écrire des livres, travailler activement dans une association ou faire le tour du Japon à pied. Eh bien non : elle se tiendra deux pas derrière son mari pour sourire à Mélania Trump, avec laquelle elle ira voir des enfants malades. Pas tout à fait quand même : la Charte lui donne des missions. Passe encore sur la participation à des actions internationales contre le changement climatique ou les violences faites aux femmes et aux enfants. Elle sera spécifiquement chargée de maintenir « un lien d’écoute et de relations avec les acteurs de la société civile dans les domaines du handicap, de l’éducation, de la culture, de la protection de l’enfance ou encore (humour involontaire) de l’égalité homme-femme ». Dans ces domaines, son mari peut lui confier des missions de réflexion…On reste (ouf !) dans des domaines « féminins » (on ne lui confie pas de réflexion sur les relations avec les dictatures ou sur les perturbateurs endocriniens), mais enfin il y a des ministres pour s’occuper de ces sujets et on ne voit pas bien en quoi la réflexion d’une épouse de chef d’Etat sur ces politiques publiques importantes serait légitime. Bref, un jour, il faudra décider d’être moderne : dans un couple, chacun a sa vie, même s’il y a partage et tendresse, et la vie publique est publique et la vie privée, privée.