Macron et l’Europe : halte à l’enthousiasme vain

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Macron et l’Europe : halte à l’enthousiasme vain

Le site Télos, « Agence intellectuelle » et plate-forme de débats, publie le 26 septembre un article de Charles Wyplosz https://www.telos-eu.com/fr/macron-et-leurope-20.html qui fait l’exégèse du discours qu’E. Macron a prononcé à la Sorbonne sur l’avenir de l’Europe. L’article est bienveillant, mesuré, un peu ironique parfois. Il loue certaines propositions tout en notant chaque fois ses réserves et les difficultés, à vrai dire évidentes : il retient ainsi le plaidoyer pour une Europe à plusieurs vitesses, avec l’adoption d’un budget de la zone euro, l’adoption de seuils minimum et maximum pour la taxation des bénéfices des entreprises, l’alignement du droit applicable aux entreprises entre la France et l’Allemagne, l’instauration d’un prix juste sur le carbone et d’une taxe carbone aux frontières ainsi que d’une taxe européenne sur les transactions financières, la réduction du nombre de commissaires de la Commission et le changement fondamental apporté aux élections au Parlement européen, qui ne seraient plus organisées pays par pays mais sur l’espace européen et donc reposeraient sur le choix entre plusieurs projets européens différents. Il regrette les imprécisions sur la PAC, critiquée mais sans que des propositions claires soient avancées, le silence sur la mutualisation des dettes publiques et sur la nécessité de conforter l’Union bancaire comme sur la révision indispensable du Pacte de stabilité et de croissance. Relisons toutefois le discours : il s’engage sur des envolées sur la création d’une Europe de la défense dotée d’un budget commun, d’une force commune d’intervention, d’une agence commune de renseignement et insiste sur la volonté de construire, en complément de l’OTAN, une « culture stratégique partagée ».  Il évoque au milieu une Europe de l’innovation créant à son tour des champions de l’économie numérique. Il se termine par une proposition de convergence des modèles sociaux. Il existe en France un style littéraire des discours sur l’Europe, marqué par un enthousiasme forcé, qui dresse la liste de tout ce que les pays pourraient faire de beau ensemble. Ils sont d’autant plus convaincants qu’ils ont raison, il faudrait bien s’engager dans ces projets. En son temps, F. Hollande avait lui aussi prononcé un ou deux discours superbes sur l’avenir de l’Union. Il est, de fait, grand temps d’améliorer l’Europe. Mais il faut le faire sans illusions et en mesurant la fragilité des liens qui nous unissent. C’est un aveu de faiblesse que de faire des projets manifestement sans issue.