Terra nova: médecine libérale, le pari de la jeunesse

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Terra nova: médecine libérale, le pari de la jeunesse

Le think-tank Terra nova publie le 8 janvier 2018 un rapport rafraichissant intitulé « La médecine de ville, le pari de la jeunesse », qui voit dans les jeunes médecins l’espoir de rénover un modèle de médecine de ville obsolète : rémunération à l’acte pour l’essentiel, malgré un faible développement des paiements forfaitaires, exercice solitaire, absence de pluridisciplinarité, longues journées.  Les jeunes médecins sont attachés à l’inverse à une certaine qualité de vie, apprécient l’exercice collectif et le partage, veulent aussi être protégés d’une « bureaucratisation » de la médecine libérale obligée à des rendus compte incessants et à de fastidieuses procédures. Si leur influence est si faible sur les conventions médicales qui régissent l’exercice professionnel en libéral et qui sont passées  entre les organisations syndicales de médecins et l’UNCAM (union nationale des caisses d’assurance maladie), c’est que les jeunes médecins ne sont pas bien représentés dans les instances de négociation : leurs premières années d’exercice sont des années atypiques, parfois passées à l’hôpital en prolongement des études, souvent avec le statut de remplaçant s’ils s’installent en libéral, en tout cas avec une attirance croissante pour le salariat ou l’exercice mixte. De ce fait, les conventions médicales reflètent essentiellement la vision de « l’ancien monde ». La Cour des comptes, dans son rapport 2014 sur ce sujet, en a dénoncé les défauts, qui lui semblent rédhibitoires : focalisation excessive sur les revalorisations tarifaires, faiblesse des préoccupations de coopération entre soignants pour la prise en charge des malades, relégation au second plan de l’objectif de qualité des soins, absence d’intérêt pour les délégations de tâches, sous supervision médicale, au bénéfice des personnels paramédicaux. Que faire alors ? La note de Terra nova se focalise sur l’amélioration de la représentation des jeunes médecins dans les instances de négociation des conventions médicales (les remplaçants notamment devraient y être représentés) et sur une meilleure préparation et accompagnement de l’exercice libéral : elle souligne en effet le danger d’une évolution trop forte vers le salariat qui ne répondrait pas bien dans l’avenir  aux besoins de la population. La note est moins précise sur les nouveaux modes d’exercice qui pourraient être offerts aux médecins libéraux, évoquant simplement une sorte de libre expérimentation de formules collectives ou en réseaux. C’est pourtant sur le caractère opérationnel de ces formules qu’il faudrait réfléchir rapidement : les professionnels qui s’installent ont autre chose à faire que d’inventer des formes juridiques rénovant les relations avec les autres partenaires de soins. Ils redoutent le parcours du combattant qui s’ensuivrait pour les faire valider et financer par les autorités sanitaires. Alors, au lieu de compter sur une forme de créativité locale, il faudrait rapidement mettre au point, sur le modèle premier des maisons de santé, des formules diverses, plus souples, en tout cas disponibles à qui voudrait les choisir, d’exercice libéral collectif ou de structures intermédiaires entre l’hôpital et le premier recours. Terra nova a en tout cas pleinement raison sur la démarche : ce sont les jeunes qui portent un espoir, ils savent que le modèle libéral traditionnel, défendu bec et ongles par leurs ainés, est à bout de souffle et aspirent à des modèles différents.