Intégration des immigrés: mais si, le gouvernement y pense (un peu)

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Intégration des immigrés: mais si, le gouvernement y pense (un peu)

Sur demande du ministre de l’Intérieur, le député A.Taché a rendu en février dernier un rapport contenant 72 propositions pour « une politique ambitieuse d’intégration des étrangers arrivant en France ». Le rapport avait proposé de doubler le volume d’heures réservé à la formation linguistique dans le CIR (contrat d’intégration républicaine) que les primo-arrivants doivent signer avec l’Etat et de le tripler pour les personnes les moins bien formées. Il voulait aussi porter à 40 heures la durée de la formation civique, aujourd’hui de 12 heures. Il souhaitait que les demandeurs d’asile puissent travailler après 6 mois de séjour et non pas 9. Enfin, le rapport formulait deux propositions plus ambitieuses : d’une part, un accompagnement vers le logement et l’emploi, avec une phase préalable d’orientation professionnelle, d’autre part la création d’une agence en charge de l’intégration permettant de soustraire cette compétence au ministère de l’Intérieur. Le Comité interministériel du 5 juin 2018 a validé des décisions très en retrait par rapport au rapport Taché. Il a doublé, comme proposé, le nombre d’heures de formation linguistique (et l’a triplé pour les personnes qui ne savent ni lire ni écrire) ; il a augmenté, mais nettement moins que demandé, la durée de la formation civique, la faisant passer de 12 à 24 h.  Tous les demandeurs d’asile pourront travailler après 6 mois de séjour.  En revanche, l’aide à l’accès à l’emploi se résume à un entretien d’orientation en début et fin de CIR et il n’y aura pas d’aides autres que celles déjà prévues pour le logement. Seuls les jeunes bénéficieront de places, mais en nombre restreint (3000 en 2018, 5000 en 2019) dans un dispositif d’insertion long (3 à 6 mois), de même que quelques milliers de demandeurs d’asile se verront accueillis dans un dispositif veillant à la fois à l’hébergement, à l’orientation et à l’emploi. Quelles que soient ses déclarations (cela fait partie du discours convenu que de plaider pour l’intégration), le gouvernement actuel, comme ses prédécesseurs, ne comprend pas le prix de l’intégration, qui permet de faire des immigrés une richesse pour le pays et non un poids pour les finances publiques. Dans ces conditions, la création d’une structure vouée à l’intégration devenait inutile et les actions dépendront toujours d’un ministère de l’Intérieur préoccupé par d’autres urgences et au demeurant peu enclin à voir une chance dans l’immigration. Le gouvernement a, au final, fait le minimum syndical : il ne pouvait pas simplement renoncer puisqu’il avait mandaté l’un des siens pour étudier la question. Mais il ne voulait ni dépenser trop d’argent ni surtout désavouer le ministère de l’Intérieur. Les chiffres de l’Allemagne, qui annonce qu’un quart du million de migrants accueilli en 2015 est en emploi, auraient pourtant dû le faire réfléchir. Il est vrai qu’ainsi, il ne dépensera pas 600 millions mais 200 et qu’il évitera de heurter la partie haineuse de la population (voir les messages sur le compte twitter de Matignon) qui considère que tout ce que l’on donne aux immigrés, c’est autant d’avantages dont on la prive.