Entretenir les infrastructures, pas très glamour mais indispensable

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Entretenir les infrastructures, pas très glamour mais indispensable

L’écroulement du pont de Gênes, sur lequel les Français sont tous passés un jour ou l’autre pour partir en vacances dans la sublime Toscane, conduit à porter attention à diverses études récentes sur l’entretien des routes, des ponts et des voies ferrées en France. Pour le rail, la prise de conscience de la vétusté des équipements date de 10 ans (l’accident de Brétigny en 2013 n’a donc surpris personne) et un effort régulier a eu lieu depuis lors, même s’il n’est pas jugé suffisant. Les dépenses annuelles sont passées de 800 millions annuellement à 3 Mds aujourd’hui et devraient s’amplifier à l’avenir car la question est loin d’être résolue. A l’inverse, le diagnostic est récent et la situation problématique pour le « réseau national non concédé ». Le ministère en charge des transports a présenté en juillet 2018 à la presse les conclusions d’un audit demandé à des sociétés suisses sur ce sujet : celui-ci évoque un réseau vieillissant et dégradé. 36 % du réseau est « moyennement endommagé » et 17 % nécessite des « réparations structurelles ». La situation s’est aggravée en 10 ans : en 2007, 57 % des voies étaient en bon état, 47 % le sont en 2016. Surtout, un tiers des ponts a besoin de grosses réparations, dont 7 % sont dans un état sérieux qui, à terme (cela rassure…) pourrait, si rien n’est fait, conduire à des effondrements. Il faut dire que l’Etat entretient mal son réseau : il consacre au km routier une dépense annuelle de 50 000 € là où les pays proches dépensent 80 000€. Pour entretenir un ouvrage d’art, il faut dépenser annuellement entre 0,8 et 1,5 % de sa valeur et l’Etat s’en tient à 0,2 ou 0,25 %. Le gouvernement promet des efforts financiers tout en soulignant (c’est mauvais signe) qu’il n’y a pas péril en la demeure. Pour autant, une loi « mobilités » est annoncée et le Parlement, c’est légitime, en attendra une politique d’entretien des infrastructures. Enfin, s’agissant du réseau des voiries départementales et communales, une « revue de dépenses » effectuée par plusieurs inspections générales a été publiée en août 2017 : il ne s’agit pas d’une inspection, mais d’un examen approfondi des dépenses liées à une politique. La revue se veut rassurante, assurant que le réseau n’est pas dans une situation alarmante et que les collectivités, malgré une baisse récente des crédits de voirie, s’efforcent de financer l’entretien. Reste qu’au détour de certaines pages, le rapport dit que la situation de nombreux ouvrages d’art n’est pas connue ; que les diagnostics auquel la mission a eu accès permettent d’estimer que, si 75 % des routes sont dans un état bon ou correct, 25 % sont dans un état mauvais ou très mauvais ; enfin que les problèmes urgents décelés se situent tous dans des collectivités en difficulté sur tous les plans qu’il serait impératif d’aider financièrement. Bref, des rappels bienvenus sur le nécessaire abondement des postes de dépenses d’entretien, sachant que, en ce domaine, les mesures curatives sont beaucoup plus chères que l’entretien courant…