Anciens pays communistes: des évolutions démographiques inquiétantes

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Anciens pays communistes: des évolutions démographiques inquiétantes

La revue Population et Sociétés consacre son numéro de juin à la diminution de la population des pays anciennement communistes intégrés désormais dans l’Union. Elle rappelle que deux événements ont, il y a 30 ans, changé le destin de ces pays, la chute du mur de Berlin et les premières élections démocratiques en Pologne, suivies par la suite d’une transformation démocratique des autres « PECO » plus ou moins rapide et harmonieuse.15 ans plus tard, 11 de ces pays ont rejoint l’Union. Depuis 1989, ces pays vus globalement ont vu leur population baisser : de 111 millions en 1989, leur population est passée à 103 millions aujourd’hui, soit une chute de 7 %, bien plus forte parfois (-20 % en Bulgarie, Lettonie, Lituanie), parfois plus faible (Pologne -3 %), avec quelques pays (Slovaquie, Slovénie) dont la population a légèrement augmenté. C’est le solde migratoire qui est aux ¾ responsable de cette baisse, le solde naturel ne l’étant que pour un quart. Certes, tous les pays n’ont pas un solde migratoire négatif : la Hongrie, par exemple, fait exception. Mais la plupart ont connu un exode fort voire massif, soit vers la Russie (pour certaines populations installées dans les pays baltes), soit vers d’autres pays de l’est (certains Roumains sont partis s’installer en Hongrie), soit surtout vers les autres pays de l’Union. Les principaux pays d’installation des émigrés de l’est ont été l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique. 8,5 millions de ressortissants de l’est vivent à l’ouest aujourd’hui, soit une multiplication par 6 entre 2004 et 2017. Ce sont surtout les jeunes qui ont émigré, ce qui a renforcé la faiblesse du solde naturel dans les pays de l’est. Dans de très nombreux pays en effet, le solde naturel, faible, voire, lui aussi, négatif, n’a pas compensé les conséquences de l’émigration. Certes, là aussi, il existe des exceptions : la Pologne, la Slovénie, la Slovaquie ont eu, certaines années un solde naturel positif. Mais dans l’ensemble, ces pays sont des pays de faible natalité. Cette situation est liée à un cumul de causes : l’adoption par les jeunes de comportements plus individualistes, les difficultés économiques traversées lors de la transition vers l’économie de marché et le recul d’un Etat communiste protecteur, notamment pour ce qui concerne la garde des enfants ou les avantages familiaux. Le vieillissement démographique des pays de l’est s’est donc accéléré, d’autant que l’espérance de vie progresse. Globalement, la situation démographique contraste avec celle des pays de l’Ouest : même si le solde naturel est devenu négatif dans certains pays du sud et en Allemagne, le solde migratoire y est, le plus souvent, nettement positif. Il est possible que l’émigration ralentisse voire que des retours aient lieu (certains pays s’en préoccupent et lancent des campagnes en ce sens. Mais la période marquera des évolutions difficilement réversibles.