Le marché du travail en 2019 : confirmation des tendances de fond

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Le marché du travail en 2019 : confirmation des tendances de fond

L’Insee publie chaque année une « photographie du marché du travail » qui dresse le constat de l’évolution des grands indicateurs en ce domaine ; taux d’activité, taux d’emploi, part des salariés et des non-salariés, évolution des emplois occupés sur le plan juridique (emplois à taux plein ou à durée limitée), évolution des qualifications, enfin évolution du chômage et de son halo, c’est-à-dire des personnes qui souhaiteraient travailler mais ne relèvent pas de la définition des demandeurs d’emploi.

Le marché du travail en 2019 (Insee première, n° 1793, février 2020) évolue sur la lancée des années précédentes : certes, le taux d’activité défini comme le nombre de personnes actives parmi les personnes en âge de travailler (71,7 %) baisse un peu (-0,2 %) mais il a augmenté nettement depuis 2012 (+ 1,8 point), ce qui permet à la France de grignoter peu à peu le retard important qu’elle connaît par rapport aux autres pays développés de l’Union, où ce taux d’activité est souvent compris entre 75 et 80 %. La réserve d’activité en France se situe chez les femmes (le taux d’activité dans la tranche d’âge 25-49 ans est de 83,3 points pour les femmes et de 92,4 pour les hommes) mais il est vrai que l’écart s’est considérablement réduit en 30 ans (il était alors de 31 points). La réserve se situe aussi chez les seniors de 50-64 ans, dont le taux d’activité de 66,9 % reste inférieur à la moyenne, surtout chez les plus de 60 ans, même si, là encore il a beaucoup augmenté dans la période récente (plus de 10 points).  Le taux d’emploi augmente également (65,5 %) et atteint son plus haut niveau depuis 1980.

Dans l’emploi, la part des indépendants progresse (12,1 %). L’évolution (+ 0,5 %) méritera d’être suivie : on sait que depuis le début des années 2000, la baisse séculaire des emplois non-salariés a cessé, évolution logiquement imputée au choix des entreprises de « flexibiliser » certaines fonctions jusqu’alors salariées puis à la création, en 2008, du statut d’autoentrepreneur. Mais ces emplois ont atteint ensuite un plateau à partir de 2010 et leur part restait stable. Si le ressaut se confirmait, il faudrait en étudier la cause. Quant à la part des CDD et de l’intérim, elle continue à baisser légèrement (-0,4 %), tout comme le temps partiel et le sous-emploi (personnes qui souhaiteraient travailler davantage et sont disponibles pour le faire). Enfin, s’inscrivant dans une tendance lourde à l’œuvre depuis des décennies, l’emploi devient de plus en plus qualifié : la part des cadres augmente (19,3 %, soit + 3,1 points en 10 ans) et celle des ouvriers et employés diminue (46,5 %, – 4,7 points en 10 ans). Enfin le taux de chômage recule (il s’agit bien évidemment du chômage mesuré selon la définition internationale du BIT, dont on sait qu’il minore sans doute le taux de chômage réel mais qui permet la comparaison dans le temps et au niveau international), de même que le halo du chômage, qui couvre 1,6 million de personnes sur les 11,6 millions d’inactifs en âge de travailler. Les données sur le chômage par catégories socioprofessionnelles ou par diplômes montrent clairement que les premières victimes en sont les employés et les ouvriers et les personnes sans diplômes.