L’Etat a toujours eu un rôle d’intervention d’urgence lors des crises économiques. Il l’a tenu lors de la crise de 2008 avec un plan de relance massif pour freiner la chute de la croissance et l’augmentation du chômage, avec, en conséquence, un fort creusement de la dette publique. En 2020, il agit de même pour limiter l’impact de la mise à l’arrêt d’une large part de l’économie due à l’épidémie de coronavirus, en y consacrant 45 Mds : prise en charge de la mise en chômage partiel des salariés, reports de charges sociales et fiscales, création d’un fonds de solidarité pour soutenir les TPE et les indépendants. La garantie sur les prêts bancaires aux entreprises confrontées à une chute de leur activité représentera également une aide spécifique, plafonnée à 300 Mds. Cependant, reste à voir si, face à une chute de l’activité qui pourrait être de bien plus grande ampleur que ne le prévoit la récente loi de finances rectificative, ces mesures, dont certaines n’amélioreront que la trésorerie des entreprises, suffiront et si un plan de relance ou des annulations de charges ne seront pas nécessaires. De même, la mesure qui suspend aujourd’hui la mise en place de la réforme de l’assurance chômage, très dure pour les bénéficiaires, sera-t-elle maintenue ou abandonnée quand le chômage va s’envoler ? La décision sera lourde de conséquences sur les revenus des Français les plus fragiles.
Les mesures prises par ordonnances qui modifient le droit du travail en autorisant les employeurs à allonger le temps de travail dans certains secteurs stratégiques et, partout, à imposer des dates de congés, tablent sur une reprise rapide d’après crise. La réalité sera sans doute plus compliquée : nous vivons dans un monde interdépendant où tous les pays ont été touchés. L’offre et la demande de biens et services au niveau international en seront affectées, il suffit de penser au secteur du tourisme pour le comprendre. En outre, le bilan de la crise imposera sans doute remettre en question des découpages de production qui nous rendent excessivement dépendants de pays lointains pour des produits parfois vitaux. Faudra-t-il gérer à la fois une récession et un renversement des pratiques économiques liées à la mondialisation ? La seule certitude aujourd’hui est que le choc sera rude.