PAC et climat : la sévérité de la Cour des comptes européenne

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PAC et climat : la sévérité de la Cour des comptes européenne

La Cour des comptes de l’Union européenne  a publié le 21 juin un rapport sur l’impact de la politique agricole commune sur le climat dans la période 2014-2020. Elle estime à 100 Mds les efforts engagés pour lutter contre le réchauffement climatique et juge que cette dépense n’a quasiment servi à rien : les émissions de GES du secteur n’ont pas évolué. Pour ce qui est de l’élevage, responsables de la moitié des émissions de GES, il n’a jamais été question de plafonner le nombre des bêtes ni d’inciter à leur diminution ;  les émissions de GES liées aux engrais chimiques ont augmenté dans la période ; quant à la gestion des terres agricoles, elle est parfois « climaticide », comme l’exploitation des tourbières, pourtant aidée financièrement.

L’analyse de la Cour des comptes de l’Union est pourtant (un brin) de mauvaise foi.

Certes, la lutte contre le réchauffement climatique figure dans les objectifs de la PAC depuis 2013. Pour autant, il s’agit là d’un pur affichage : aucune mesure n’y est spécifiquement consacrée. En revanche, les aides dites du second pilier de la PAC avaient explicitement pour objet de mieux préserver l’environnement (objectifs dits de « verdissement » : diversification des cultures, maintien des prairies et des surfaces d’intérêt écologique.) Or, le rapport 2018 de la Cour des comptes française indique que jusqu’en 2015, ce sont les exploitations qui avaient les pratiques les plus défavorables à l’environnement (spécialisation, intensité culturale et intrants de synthèse) qui ont bénéficié des aides les plus importantes. Après 2015 et l’infléchissement des règles en faveur du verdissement, l’effet a été, selon la Cour, « sinon nul, du moins très limité ». Une enquête récente de journalistes du New-York Times, reprise par le site « The conversation », juge que la PAC n’a pas favorisé une transition agricole « durable ». Impuissante sur les émissions de GES qu’elle n’a jamais cherché à faire baisser, la PAC, contrairement aux objectifs affichés,  encourage des pratiques agricoles nocives à l’environnement.  C’est cela le vrai reproche à faire à la PAC. Il est à craindre que, malgré le « coup de com » de la Cour des comptes de l’Union, la nouvelle PAC ne change pas grand-chose à ces constats.