Mieux protéger les forêts contre les incendies

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Mieux protéger les forêts contre les incendies

Les feux de cet été ont ramené l’attention sur la nécessité de mieux organiser la prévention et le lutte contre les incendies de forêts. A la mi-année, en juillet 2022, 47 000 hectares ont brûlé en France, dont 20 000 hectares en Gironde, soit davantage qu’en 2021 (30 000) et surtout qu’en 2019 (43 600), l’année du précédent « record ».

C’est l’occasion de rappeler le contenu de la mission flash conduite en janvier 2022 par la Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire de l’Assemblée nationale, qui demande l’application de moyens de prévention rapides et propose des orientations de plus long terme.

La mission insiste au départ sur le risque accru d’incendies : la multiplication des périodes de grande chaleur ou de canicule augmente les périodes de risque et les étend à l’ensemble du territoire.

Tout en reconnaissant les points forts de la politique actuelle de prévention (surveillance préventive pour intervenir très rapidement à la naissance du feu, bonne formation des intervenants), la mission souligne ses fragilités :  la communication destinée au grand public est insuffisante ; les obligations de débroussaillement ne sont pas respectées (elles ne le sont qu’à 30 à 50 %) avec un montant de l’amende sans commune mesure avec le coût des opérations et des superpositions d’obligations qui rendent les textes obscurs  ;  la forêt progresse de 2 % par an avec production supplémentaire de bois mort ; de nombreuses essences sont en dépérissement chronique, ce qui accroît leur vulnérabilité.

Plus fondamentalement, les forêts sont très inégalement gérées. La forêt aquitaine est mieux entretenue parce qu’elle est exploitée, la forêt méditerranéenne est mal entretenue parce qu’elle n’est pas rentable. La déprise agricole augmente les friches. Il peut exister de plus des intérêts contradictoires : le débroussaillement a des conséquences écologiques néfastes sur l’érosion et la biodiversité. Le mitage et l’urbanisation diffuse augmentent le danger. Il faut alors trancher.

Le rapport insiste d’abord sur l’urgence d’une prise de conscience face à la gravité des problèmes. Il avance ensuite de nombreuses propositions.

Il faut mieux connaître les causes des incendies : dans certains territoires, elles ne sont connues qu’à 20 %.

Il faut renforcer les moyens humains ou arrêter de les baisser, ainsi des moyens de l’ONF, ainsi que les campagnes de sensibilisation.

La gestion de l’interface habitat/forêts doit être plus stricte et respecter les règles édictées et le débroussaillement doit devenir effectif (simplification des règles, aggravation des peines).

Enfin, il faut engager une gestion plus durable des espaces forestiers : varier les espèces, prévoir des coupe-feu (vignes), reconstituer des espaces agricoles entre les villages et les massifs, rendre obligatoires les « documents de gestion durable » dans les forêts privées quelle que soit leur taille.

Le rapport du Sénat d’août 2022 recoupe ces priorités. Il y ajoute l’obligation de couvrir par un plan départemental ou interdépartemental de prévention des forêts contre les incendies (PPFCI) tous les espaces aujourd’hui simplement classés « à risque d’incendie », alors que ces documents ne sont exigés aujourd’hui que si le risque est élevé.

On retient de ces suggestions d’une part qu’il ne suffit pas de faire des plans mais qu’il faut d’abord appliquer la loi ; d’autre part qu’une meilleure mobilisation est nécessaire (communication plus active, coordination au niveau local) ; enfin qu’il est essentiel d’avoir une vision de long terme quant à la gestion des ressources forestières et à l’aménagement des espaces.