L’Insee mesure la pauvreté avec un autre indicateur que le seuil de pauvreté fixé à 60 % (parfois 50 %) du revenu médian par personne. L’indicateur de privations matérielles et sociales recense les personnes qui ne peuvent assumer 5 types de dépenses parmi 13 considérées comme nécessaires : chauffer convenablement son logement, s’acheter des vêtements neufs, posséder deux paires de chaussures, avoir accès à Internet, payer son loyer régulièrement…Du fait de l’inflation, l’indicateur, compris entre 12,5 et 13,4 % de la population de 2013 à 2020, descendu à 11,5 % en 2021 à un moment où les dépenses des ménages avaient diminué, est remonté à 14 % en 2022, ce qui représente 9 millions de personnes. Sans surprise, c’est le pourcentage de privations dans le domaine du chauffage qui a augmenté le plus (une personne sur 10 ne peut plus en 2022 chauffer correctement son logement). Les privations ont plutôt diminué dans les grands centres urbains mais ont beaucoup augmenté dans le secteur rural ou dans les villes moyennes et l’augmentation touche surtout les familles monoparentales : il s’agit donc bien d’une accentuation de la pauvreté qui touche des ménages déjà très modestes. Dans l’Union, l’indicateur est légèrement inférieur en 2022 (12,7 %). L’Allemagne, comme la France, a connu une forte hausse mais, avec 11,5 % de personnes en situation de privation, reste nettement en dessous du niveau français.
Il est à craindre, compte tenu du maintien d’un fort niveau d’inflation en 2023, notamment pour ce qui concerne l’énergie et les prix alimentaires, que l’année 2023 soit pire.