Bilan environnemental de la France, dégradation as usual

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Bilan environnemental de la France, dégradation as usual

Comme chaque année, le bilan environnemental de la France foisonne de données souvent inquiétantes. Premier constat, au demeurant répétitif, sur les 60 Mds de dépenses engagées en 2021 en faveur de la protection de l’environnement, la majorité (57 %) sert à gérer les déchets que nous produisons ou nos eaux usées. La protection de la biodiversité et la dépollution des sols et des eaux ne représente que 5,7 % des dépenses, ce qui semble peu. Globalement, en part de PIB, la France dépense moins (2 %) que la moyenne européenne (2,3 %). Il faut donc examiner les indicateurs qualitatifs par domaine. Cherchons les plus emblématiques, la pollution des eaux et des sols, la biodiversité et les forêts.

Le bilan est souvent incomplet, très ramassé, manquant d’historique et parfois, sans doute faute de sources, les chiffres produits datent.

Pour ce qui est des eaux de surface, la pollution au phosphate a diminué depuis 20 ans mais moins de la moitié (44 %) sont « en bon état écologique » (47 % pour les eaux littorales). Pour ce qui est des eaux souterraines, la pollution aux nitrates et aux pesticides reste stable et importante.  De 1980 à 2022, la principale raison qui a conduit à la fermeture de 13 000 captages sur les 37 000 existants est la dégradation de la qualité de l’eau, nitrates, pesticides, composés divers et microbiologie. L’indice de pression toxique des pesticides est particulièrement fort dans les régions agricoles et sur la grande moitié nord de la France.

Les données fournies sur la pollution des sols sont très restreintes : on saura simplement que l’on y trouve des substances anciennes qui témoignent du caractère durable de certaines pollutions : plomb, substances d’insecticides ou d’antiparasitaires aujourd’hui interdits, chlordécone aux Antilles. Rien sur la pollution endémique des sols agricoles par les nitrates des engrais et par les pesticides, alors que l’érosion des sols nus l’hiver (également due à l’agriculture intensive)  est traitée.

Sur la biodiversité, les chiffres datent pour certains : la part des habitats d’intérêt communautaire dans un état favorable de conservation a baissé entre la période 2007-2012 et la période 2013-2018 (de 22% à 20%). 41% des sites humides étudiés ont vu leur état se dégrader entre 2010 et 2020. 16 % des espèces figurant sur la liste rouge des espèces sont éteintes, très menacées ou vulnérables. Les populations d’oiseaux communs spécialistes s’effondrent (-36% entre 1989 et 2021) comme les populations de chauves-souris (-43% entre 2006 et 2021). L’artificialisation, les pesticides, la disparition des zones humides et l’agriculture intensive en sont responsables.

Quant aux forêts, elles s’étendent : mais seulement 31 % des espèces qui y vivent et des habitats étudiés dans l’écosystème forestier sont en bon état. Rien n’est dit sur l’évolution de cet indicateur ni sur l’évolution de la capacité d’absorption du carbone, sans doute difficile à connaître il est vrai, dont il est seulement dit qu’elle est très dépendante des évolutions climatiques : les données fournies sur l’évolution des températures, l’augmentation du niveau des océans et l’augmentation des événements naturels graves forment, de fait, un inquiétant constat.