Chômage : retour à l’avant-crise ou avancée vers le plein emploi?

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Chômage : retour à l’avant-crise ou avancée vers le plein emploi?

La situation de l’emploi s’est nettement améliorée en 2021.

Pour ce qui est du chômage au sens du BIT, les chiffres de l’Insee ne couvrent que les trois premiers trimestres : France entière, le taux de chômage est de 8,1 % à la fin du 3e trimestre (ce qui signifie 2,4 millions de demandeurs d’emploi) et, pour la France métropolitaine, de 7,9 %. Ce sont exactement les chiffres atteints avant la crise sanitaire, au 4e trimestre 2019. Il est vrai aussi que ce sont des chiffres rares dans l’histoire récente : le chômage a culminé, en 2013 et mi-2015, atteignant 10,5 % France entière. Jamais les chiffres du premier trimestre 2008 (7,2 % France entière et 6,9 % France métropolitaine) n’ont été atteints à nouveau, exception faite de 2020 où la situation était trop atypique pour être significative.

Si l’on prend les chiffres des chômeurs inscrits à Pôle emploi, la situation, bien que mesurée différemment, connaît elle aussi une nette amélioration. Le nombre des demandeurs de catégorie A (sans travail aucun) a baissé de 12,6 % en un an (3 300 000) et le total des catégories A, B et C (soit 5 700 000), de 4,1 %. L’évolution est un peu plus favorable pour les jeunes et un peu moins pour les chômeurs de longue durée, comme souvent en période de reprise.

La baisse va-t-elle continuer ? Le gouvernement en rêve, qui commence à évoquer la tenue des engagements pris en 2017 (7 % de chômage promis pour la fin du quinquennat) et se prend à parler de plein emploi, soit un chômage se situant entre 5 et 7 %. La note de conjoncture de l’Insee pour la mi-2022 est optimiste, pariant sur une croissance encore forte situant le PIB, au printemps 2022, à 1,4 point de plus qu’avant crise et sur une augmentation de l’emploi, avec un chômage situé alors à 7,6 %.

L’OFCE quant à lui est plus pessimiste, annonçant une remontée du chômage à 8 %. Mais ses précédentes prévisions sur 2021 se sont avérées trop sombres.

Au final, c’est en 2022 que la réponse nous éclairera: il est à vrai-dire très douteux que l’amélioration soit alors décisive, compte tenu des séquelles de la crise et des caractéristiques d’une main d’oeuvre insuffisamment formée, facteur explicatif d’un taux de chômage français supérieur à celui des pays européens comparables.

Reste à actionner la politique de l’emploi : le nouveau plan pour l’emploi de septembre 2021 a annoncé à nouveau un effort important pour la formation des demandeurs d’emploi (1,4 Mds), intégrant une aide au développement des contrats de professionnalisation en entreprise. De même, dans les bons chiffres de l’emploi et du chômage 2021, l’augmentation très forte de l’apprentissage a joué un rôle, puisque le nombre de contrats est passé de 520 000 en 2020 à quasiment 700 000 en 2021. C’est sans doute une très bonne nouvelle, qui peut rendre plus solide la baisse du chômage, l’emploi et la qualification ayant d’étroites relations.